Pour le moment, on décortique le programme, on se met dans l'ambiance et pour moi, en condition, parce que le froid, vous le savez, j'aime pô ! Mais la beauté sauvage de la Patagonie se mérite et nous devrons être capables d'affronter un climat "rigoureux". Heureusement, l'Atacama, le désert le plus aride du monde, et l'île de Pâques au patrimoine exceptionnel protégé par l’Unesco, nous réchaufferont après cette "épreuve" 🤪...

Déjà, le décalage horaire sera de quatre heures ⏰. En plus ou en moins ? me direz-vous à juste titre. Eh bien, en moins ! Quand il sera midi en France, il ne sera que 8 h au Chili. Alors pas de coup de fil intempestif le matin, siouplait... 🤣

On vient de recevoir 📕Le routard, c’est chouette. On va pouvoir potasser !

DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2019

Julie vient nous chercher à 18 h 30, c’est large pour un décollage à 23 h 40, mais on préfère. L’A86 est blindée. Nous comprenons vite que ce ne sont pas les rentrées habituelles du dimanche soir, mais un grave accident de moto. Finalement on arrive au terminal E de Roissy CDG à 20 h. Formalités, contrôles, attente et embarquement dans notre Boeing 777-300 pile poil à l’heure.
Un voyage en avion avec Air France est synonyme de tranquillité. Le pilote nous annonce 14 heures de vol et 12 321 km - on a gagné une demi-heure sur le programme ! Bien installés tout au fond du zinc, nous dormons comme des petits loirs après le repas à bord sans intérêt, mais avec turbulences🍹

JOUR 1 - LUNDI 25 NOVEMBRE 2019

Le petit-déjeuner est servi à midi, heure française ☕️🍳, avant de traverser la cordillère des Andes et de survoler les sommets enneigés éternellement ⛰. Pas un nuage, superbe ! On atterrit à Santiago de Chile à 9 h 51, heure locale.

Les jacarandas ou flamboyants aux fleurs bleues, les grobilias (?) jaunes, les ceibos rouges, les copihues rouges (fleur emblématique du Chili) et notre guide Pablo nous accompagnent à notre hôtel. C’est le printemps, pourtant le ciel est gris et le soleil fait de rares apparitions. 21 degrés au thermomètre.
L’hôtel Solace se situe à l’est de Santiago dans la commune de Providence. Santiago, avec ses sept millions d’habitants (le pays en compte 18 millions !) est une communauté de 24 communes autonomes (très semblables aux arrondissements de Paris).

À 12 h 20, après nous être rafraîchis un peu à l’hôtel, nous partons à la découverte de la capitale du Chili située comme on l’a vu au pied de la Cordillère des Andes. Elle conserve des quartiers historiques qui témoignent de son histoire. Chaque quartier (barrio) de la ville au nom évocateur a une ambiance différente : Brasil ; Bellavista, le quartier bohème ; Yungay... Le blason de la ville comporte un condor et un huemul, petit cerf des Andes, et la devise est plutôt laconique : « par la raison ou par la force ».

Antonio, notre chauffeur, nous conduit dans tous les secteurs de la ville. Puis, nous marchons avec Pablo dans les rues piétonnes qui se trouvent au cœur du centre historique de la ville pour parvenir sur la place d’Armes. Nous entrons dans le fameux et traditionnel Mercado central avec sa structure métallique. Nous flânons place de la Constitution bordée de beaux arbres aux fleurs roses, des sterculias, pour admirer le palais de la Moneda, le palais présidentiel. Le drapeau flotte : le président Piñera est là ! On s’arrête un moment devant la statue du docteur Allende. Plus loin, on croise la maison bleue de Pablo Neruda. On remonte l’Alameda (artère principale de la ville) coupée d’une bordure de palmiers du Chili au tronc lisse. Le trafic est anarchique car les manifestants et autres bad blocks ont brûlé tous les feux tricolores et saccagé et taggé pratiquement tous les édifices publics qui sont fermés. Du coup, on n’en visite aucun. Les manifestations démarrent toujours de la place Italia, on n’y va pas !

Au 19e siècle, après son indépendance en 1818, le Chili était fan de la France et toute la ville garde des traces de ce passé européen, avec notamment de belles demeures de la Belle Époque colorées. On boit un pot à la Peluqueria francesa, le plus vieux salon de coiffure du Chili, tenue par un Breton, 8 500 pesos chiliens (soit 10 € pour deux bières pression et un jus). C’est aussi un restaurant-musée vintage. Très sympa ! Le parc du quartier du 10 juillet héberge une copie du Sacré-Coeur. Le musée des beaux-arts rappelle de loin le Petit Palais. Le Club hippique (l’hippodrome) est une copie de Longchamp...

Pour finir, afin de découvrir la ville en panoramique, nous montons au sommet du Cerro San Cristobal (880 m) par le funiculaire d’origine française datant de 1925. En haut, la statue de l’Immaculée conception, donnée par la France en 1908, protège la ville fondée en 1541 par les conquistadores espagnols.

Retour à notre hôtel à 18 h, bien fatigués 😜 (13 000 pas au compteur). Nous passons la soirée avec Yann que nous revoyons avec plaisir, autour d’un verre de carmenère, cépage chilien proche du merlot 🍷😳

JOUR 2 - MARDI 26 NOVEMBRE 2019 - PATAGONIE CHILIENNE - ROUTE AUSTRALE

Antonio nous prend pour nous emmener à l’aéroport Benitez à 7 h 30. Temps ensoleillé, 9 degrés. Nous prenons le long tunnel de l’autoroute sous le rio Mapocho, plutôt à sec en raison du réchauffement climatique.

Nous volons dans un A320-200 de Latam à destination de l’aéroport de Coyhaique en Patagonie chilienne, situé à Balmaceda au milieu de nulle part. RAS. Après deux heures de vol, nous atterrissons à 12 h 15. 5 degrés annoncés ❄

Nous partons de l’aéroport dans notre Subaru Forester noire 🚔 de location à 13 h 30. On bifurque au bout de quelques kilomètres à gauche sur la route australe. Nous roulons sur une route en asphalte dans un paysage de montagnes enneigées hautes et déchiquetées, veiné de torrents. C’est la réserve nationale de Cerro Castillo, habitat des huemuls. Le décor est majestueux. Il neige même quelques minutes. D’ailleurs neige et piquets bordent la route. À 1 000 m, au col, nous redescendons vers Villa Cerro Castillo, bourgade isolée aux maisons de bois très Far-West. Il tombe des cordes, dommage car le paysage est flou. À 80 km de Puerto Tranquilo, la route cimentée fait place à la piste. Là nous restons bloqués deux heures à cause des travaux. À 17 h, toutes les voitures partent en convoi derrière le 4x4 Mitsubishi blanc des entrepreneurs. En fait, la circulation est coupée de 13 h à 17 h tous les jours. Bien joué ! Une demi-heure de piste chaotique au milieu de grands travaux et d’excavations profondes, bref le salaire de la peur 😥 et en prime, il neige fort. La piste traverse ensuite une immense forêt jadis calcinée. Des plantes basses aux feuilles éléphantesques et au dard impressionnant, puis des massifs de fleurs jaunes et violettes qui ressemblent aux lupins bordent la piste. Nous longeons ensuite un immense lac aux eaux de 50 nuances de bleus avant d’arriver à la petite ville de Puerto Rio Tranquilo à 19 h. Nous logeons dans un bungalow de l’hôtel Cabañas Valle Exploradores, chalet rustique en ville. Peaux de bêtes, poêle à bois, Wi-Fi... que demande le peuple ! Les tenancières nous apportent le petit-déjeuner que nous pourrons « déguster » sur place dans la cuisine de la cabane. On dîne au typique restaurant Casa Bruja désaltérés par une bouteille de Misiones De Rengo, réserve carmenère 2018 🍷 Ribs désossés sur sauce au vin pour GG et saumon pour bibi. Crème brûlée pour les deux. Miam. Retour à la cabane à 21 h 30 et extinction des feux dès qu’on pourra publier. Promis, mais c’est pas gagné ! Et au fait... il pleut.

JOUR 3 - MERCREDI 27 NOVEMBRE 2019 - LAGO GENERAL CARRERA

Cette immense étendue d’eau est le lac General Carrera, le plus grand lac du Chili et le deuxième d’Amérique du Sud après Titicaca. 1 850 km2 à cheval sur le Chili et l’Argentine. Il est majestueusement entouré de hauts reliefs andins enneigés. Puerto Rio Tranquilo est un village « tranquille » sur la berge du lac. Après un petit-déj. à 8 h - comme à la maison, dit - avec œufs au plat, jus d’orange, café... nous ne ratons pas le must du coin : l’excursion aux falaises de marbre de la capilla de Marmol, sculptées, mangées par l’érosion. L’agence de voyage que nous a conseillée l’hôtelière, Aoni Expediciones, nous donne rendez-vous à 11 h à l’embarcadère. La balade en bateau avec deux jeunes Français en vacances, un guide rouquin et anglophone, et un capitaine autochtone, Luis, s’effectue dans de bonnes conditions de navigation à l’aller, moins au retour avec des creux d’un bon mètre. Ça mouille et ça tape pendant un bon quart d’heure. Heureusement il ne fait pas extrêmement froid, 13 degrés. Les falaises de marbre ont été polies et creusées par l’eau et le vent. Le bateau rentre dans ces cavités pour nous montrer de près l’œuvre de la nature. Le clou du spectacle est la cathédrale, l’îlot en forme de gros champignon vu sur toutes les photos, qui semble flotter sur les eaux turquoises. À côté, la chapelle, rocher plus petit, abrite quelquefois des mariages officiels 💍 Nous sommes chanceux car nous pouvons voir ces sculptures sous le soleil et sans vent et profiter de la beauté grandiose du paysage, le mot n’est pas trop fort. Le tout pour $Ch25.000 (28,50 €) !

À 13 h 30, nous reprenons la Carretera Austral (Ruta no 7) qui longe la rive ouest du lac sur près de 30 km puis la rive sud jusqu’à la frontière argentine. Toujours ces « lupins », gros choux piquants et ceibos à foison. C’est une carte postale à chaque virage, on en prend plein les yeux. Quelle chance ! Nous nous arrêtons en chemin après la bifurcation, à Puerto Guadal, dans un igloo du Terra Luna Lodge, surplombant le lac sur un vaste terrain en pente arboré. Cadre idyllique qui invite au farniente, du moins pour aujourd’hui ; ce que nous faisons 😇 Les canards en rient encore !

Cette belle journée se termine par un petit verre de chardonnay local et dîner avec vue sur les neiges éternelles car ici, le soleil se couche vers 22 h. On dirait le lac Léman, les Alpes, certains disent l’Islande... Allez, on rentre, il faut fermer notre tente et mettre du bois dans le poêle, sinon 🤒

JOUR 4 - JEUDI 28 NOVEMBRE 2019 - RÍO BAKER

L’immense mer intérieure est sous les nuages. Il pleut depuis hier soir et ça tambourine sur notre dôme en plastique. Le réveil est violent car le soleil se lève tôt (~6 h) malgré les persiennes et donc... nous aussi ! Le poêle a bien fonctionné, mais il faut l’alimenter régulièrement, n’est-ce pas mon Gégé ?

Après un bon petit déjeuner au restaurant du lodge, nous partons direction Cochrane plus au sud, à 75 km, soit 1 heure 30 de route. Ici tout se mesure en temps et pas en distance #Corse 😉 Nous prenons deux jeunes auto-stoppeurs chiliens un peu après la bifurcation pour reprendre la route australe vers Puerto Bertrand. À partir de là, la piste en terre battue détrempée par les ondées et donc glissante, surplombe et longe le large río Baker aux eaux d’un turquoise intense, presque lumineux sur fond de parois rocheuses sombres. Après les verts pâturages du lac Bertrand, nous entrons dans la région plus aride du parc national de Patagonie avec en arrière-plan, des sommets auréolés de blanc. Sa porte d’entrée est au confluent des ríos Baker et Neff. On croise plusieurs couples de cyclistes sur leurs randonneuses, quel courage !

Nous laissons nos compagnons d’un moment à Cochrane. Toutes ces villes en bois aux rues à l’équerre nous font décidément penser au Far-West. On s’installe dans un café boire une cerveza et manger une crêpe avant de rebrousser chemin. À 15 h, le soleil déchire tout, il fait même 17 degrés ! Le retour nous permet de belles photos.

Nous dînons comme hier sur place. Il y a pire comme décor 😜 Face au lac, cordillère des Andes au fond... On en ferait son ordinaire s’il n’y avait pas 14 heures de vol !

JOUR 5 - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019 - L.G. CARRERA SUD

Le temps est plus clément malgré la pluie qui est encore tombée toute la nuit. Il fait dans les 10 degrés et le soleil est là. Nous quittons notre cahutte à 11 h pour rejoindre Coyhaique, capitale régionale de la province d’Aysén. Nous continuons sur la route 265 que nous avons prise en quittant la route australe pendant 2 heures 30 (106 km). Elle longe le lac Carrera jusqu’à Chile Chico, ville frontière avec l’Argentine où nous devons prendre un ferry à 17 h. Toujours ce panorama majestueux, de belles vaches normandes et limousines sur les bas-côtés voire au milieu du chemin, des moutons, quelques touristes... À flanc de falaises rocheuses, la route est spectaculaire. C’est là qu’on apprécie d’avoir un 4X4 😜 Puis le paysage s’élargit. Le lac et les rochers prennent une teinte verdâtre aux abords des mines de cuivre (production no 1 du pays). Nous sommes seuls au monde au milieu d’une terre aride plantée d’arbustes épineux et de graminées, et agrémentée de mamelons rocheux type Ouest californien.

On arrive à l’embarcadère de Chile Chico peu avant les deux heures recommandés pour l’embarquement. Personne, on attend sagement, tout comme le navire La Tehueche de la compagnie Naviera Austral, à quai, passerelle prête. Un vent violent souffle, nous allons nous restaurer au café du coin (café ☕️ et limon pie 🍰).

Petite frayeur au moment d’embarquer. Nous avons bien nos places, mais pas l’auto ! Le préposé nous dit de nous ranger sur le côté et d’attendre. Au bout de 5 mn, il nous autorise à grimper dans le bateau car heureusement, le ferry n’est pas plein. Le Chilien est plutôt arrangeant... quand il te demande de payer les $Ch19.750 sans te donner de ticket 😂
Nous arrivons de l’autre côté à Puerto Ibáñez à 19 h 30. Il nous reste encore 116 km pour arriver au Patagonian Lodge à Coyhaique, mais nous retrouvons le goudron ! Quelques kilomètres plus loin, on rejoint la route australe, la boucle est bouclée ! Nous remontons vers le nord et l’aéroport de Balmaceda. La température baisse graduellement, 6 degrés. Dans la réserve Cerro Castillo, nous ne voyons pas plus de cerfs huemules qu’à l’aller. Et toujours ce satané vent... et la pluie.

Gégé astique un peu pour que nous n’arrivions pas trop tard à l’hôtel. Le temps de tourner et virer dans le camino del Bosque pour trouver notre lodge qui n’est pas signalé, il est 21 h 30. Le temps d’appeler l’hôtelière qui est sous sa douche, les deux femmes de service nous offrent un délicieux dîner (soupe, steak purée, vino tinto et mousse de framboises) dans la salle à manger déserte et la plus belle chambre de ce petit chalet dans la nature, typique et très écotourisme . Que du bois et des peaux. On n’a pas le temps d’en profiter, c’est bien dommage.

JOUR 6 - SAMEDI 30 NOVEMBRE 2019 - LA RÉGION DES LACS

Réveil : 5 h 45. Pas de café 😭, juste un jus de pomme, un yaourt et des gâteaux secs. On nous a dit qu’il fallait 1 heure 15 (50 km) pour rejoindre l’aéroport de Balmaceda. On y arrive à 7 h 30, on parque notre voiture de location chez Europcar et on attend en plein vent, doudounes sur le dos car, vous savez quoi ? l’aéroport est fermé, closed, cerrado ! Au soleil, il fait plus chaud. Les portes s’ouvrent à 8 h bien tassées et c’est la ruée. Nous avons juste le temps de boire un expresso chico infect à la cafétéria.

Nous volons dans un A320-200 de Latam à destination de l’aéroport de Puerto Montt plus au nord dans la région des lacs. Nous décollons à 10 h 25 avec une demi-heure de retard. Après une sieste, nous atterrissons à 11 h 15. Adolfo et Luis nous récupèrent en minibus pour nous emmener à Puerto Varas au bord du lago Llanquihue (860 km2) et ses deux fidèles sentinelles chapeautées de blanc. La ville est née de l’arrivée des colons allemands au XIXe siècle. C’est une région d’agriculture et d’élevage, riche et bien verte ! Des champs de patates à profusion, normal, elles viennent d’ici ! À midi, au Bellavista qui porte bien son nom, notre chambre n’est pas prête. Un petit tour et une collation chez Tim’s dans cette ville bien touristique s’impose.

À 14 h, Luis et son accompagnateur anglophone nous emmènent au départ du télésiège du volcan Osorno à 1 186 m d’altitude (point culminant à 2 652 m). Son cône est parfait et toujours enneigé. Il y a 2 200 volcans au Chili et beaucoup sont monitorés car il sont actifs. Dans la vallée, nous traversons une zone évacuée il y a 4 ans car le volcan Calbuco, second volcan au bord du lac (2 000 m), était entré en éruption. Les ajoncs et les lupins (c’en sont !) nous font une haie d’honneur. On rencontre des renards pas sauvages à un arrêt photos. Au camp de base, la brume nous empêche de profiter de la magnifique vue panoramique sur le lac Llanquihue et la rivière Petrohué. On se console avec un chocognac caliente ☕
Puis nous continuons dans le parc national Vicente Pérez Rosales pour voir les chutes de Petrohué avec leurs eaux émeraude. Rien à voir avec une cascade. Ce sont des rapides bouillonnants sur des roches volcaniques noires, le tout au milieu d’une forêt profonde.
Et enfin, nous flânons le long du lac Todos los Santos découvert par les jésuites un 1er novembre au XVIIe siècle. Ha, ha, tout s’explique ! Il est peuplé de saumons et de truites, le paradis des pêcheurs. Des balades en bateau permettent aux touristes de remonter le lac tout en admirant ses belles rives boisées. De belles demeures émaillent notre route du retour.

Nous dînons en ville au restaurant Las Buenas Brazas (poulpe et bar et purée) avant de rentrer nous coucher. Fatigue quand tu nous tiens !

JOUR 7 - DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE 2019 - PATAGONIE AUSTRALE

Réveil : 6 h 30 pour un transfert à l’aéroport de Puerto Montt à 7 h. De nouveau, pas de café 😡 car le petit déj. n’est servi qu’à partir de 7 h, juste un jus de pomme et des gâteaux secs qui nous restent. Notre chauffeur nous passe la musique folk 🎼 de son idole, Patricio Mans. Eh oui, ça ne s’invente pas, ça ! 10 degrés au thermomètre et un brouillard à couper au couteau nous cerne. C’est habituel ici avant que le soleil ne pointe son nez. Mais il pleut quand même huit mois de l’année, nous avons eu de la chance hier. Notre A320 de Sky va à Puerto Natales très au sud dans la région des Magallanes et de l'Antarctique chilien ❄.
On décolle à 9 h 40 pour un trajet de deux heures, Andes à gauche, Pacifique à droite. Arrivés à 11 h 30, nous grignotons un sandwich avant de prendre un bus Fernándes pour Puerto Natales au nord en Patagonie chilienne sauvage. C’est parti pour trois heures (250 km) au milieu des fjords et des grandes steppes. Temps gris. Et youpi ! Y’a du wi-fi dans le bus, meilleur qu’à l’hôtel.

On arrive à notre hôtel If à 16 h 30, il fait bon (17 degrés !) au bord du canal Señoret et du fjord Ultima Esperanza. Nous préparons nos sacs à dos pour les trois jours à venir et sortons dîner à La Disqueria à deux blocs de l’hôtel. Excellent disco de pastas y mariscos (fruits de mer) et vino tinto (cabernet franc-carmenère). Un petit dessert pour finir en beauté et la peau du ventre bien tendue, nous regagnons nos pénates.

Attention, le blog ne sera peut-être pas alimenté pendant quelques jours car nous partons la fleur au fusil découvrir le parc national Torres del Paine et approcher des glaciers. Hasta luego !

JOUR 8 - LUNDI 2 DÉCEMBRE 2019 - NAVIGATION

Réveil : 6 h 15. Temps gris. 9 degrés.
Petit déj. : 6 h 30. Nous laissons nos bagages à l’hôtel jusqu’à mercredi.
Bus : 7 h 30 avec David, le chauffeur, qui fait le tour des hôtels pour récupérer des touristes.
Catamaran Juana Rodrigues : 8 h à Puerto Bories. Mélanie nous prend en charge pour la journée. Euh... on n’est pas tout seuls ! C’est l’attraction du pays. On remonte le canal Señoret et le fjord Ultima Esperanza jusqu’au glacier Balmaceda. Nous croisons des loups de mer gentiment assis sur leurs falaises. On s’arrête à la très haute cascade Chabuco. À 10 h 20, le clou du spectacle est le glacier Balmaceda d’un beau bleu piscine.
À 10 h 30, nous débarquons à Puerto Toro, point d’entrée au parc national Bernardo O’Higgins, le plus grand du Chili. Une petite marche d’une heure aller-retour le long d’un lac sur un sentier balisé nous permet d’admirer le glacier Serrano de tout près. Le mont Balmaceda (2 035 m) le surplombe. De toute beauté ! En plus de ça, le temps est idyllique.
Zodiac : 12 h. Miguel, le capitaine, et Sebastian, son second, emmènent un groupe de dix personnes dont nous, déjeuner à 5 mn dans une estancia, le bar-restaurant Monte Balmaceda. Vue splendide sur le glacier !
Nous en repartons à 13 h 30 pour remonter la rivière Serrano et ses méandres. À gauche, les parcs nationaux (O’Higgins et Torres del Paine) et à droite, les propriétés privées. Une belle vue sur le glacier Tyndall, la 3e plus grande réserve d’eau du monde. Aux chutes que nous ne franchissons pas en bateau 😅, mais que nous contournons à pied, nous changeons d’embarcation. On accoste à Villa Serrano après avoir vu le massif des Torres del Paine sous toutes les coutures. Celui-ci se situe à l’est de la cordillère des Andes et n’en fait pas partie. Une voiture nous emmène tous les deux dans le parc jusqu’au lac Pehoé où nous prenons le catamaran Hielos patagonicos de 16 h 30. La traversée de 30 mn nous emmène au refuge Paine Grande. La chambre Puma pour six personnes, au 1er étage : deux lits en hauteur, baños sur le palier, dîner à 19 h 30 (bon !), extinction des feux à minuit... c’est plus de notre âge ! Comme prévu, bienvenue dans le monde non connecté : « aucun service » 😭

JOUR 9 - MARDI 3 DÉCEMBRE 2019 - TREK

Réveil : 6 h 15. Temps très beau, il n’est pas interdit d’avoir de la chance, n’est-ce pas Robert ?
Petit déj. : 7 h 30
Les Torres del Paine, voilà sans doute le Graal pour le randonneur aguerri. À 8 h, nous prenons le chemin pour le refuge Grey à 11 km, 3,5 heures. Pas de solitude sur le sentier, des centaines de voyageurs viennent y randonner. Mais on y trouve des paysages sensationnels traversant forêts, montagnes, lacs, torrents. Le chemin franchit plusieurs montagnes et longe un bon moment le lac Grey qui est vraiment gris à cause des sédiments du glacier éponyme à son extrémité. Quelques gros glaçons bleutés flottent à sa surface.
Il est 12 h 45 et nous sommes à mi-chemin. Nous grignotons le contenu de notre lunch-box. Un petit oiseau pas sauvage nous rend visite. Il aime le pain ! On ne voit pas la queue d’un puma.
À l’arrivée au refuge à 18 h 15, l’iPhone annonce 14 km, 265 mn (4,41 heures) de marche effective et 19 561 pas. Nous avons mis plus de 10 heures ! Il faut dire que le sentier est difficile, du moins pour nous. Nous avons croisé beaucoup de jeunes trentenaires, mais des cheveux grisonnants, pas. Ça monte, ça descend, le vent souffle comme un possédé à chaque sommet, dénivelé : 600 m. C’est plein de racines superficielles et de roches. L’eau suinte de partout. Ça plait aux petites violettes. Certains passages rocheux sont chaotiques surtout à la fin quand les jambes ne nous portent plus, mais les fesses oui. Un condor vient majestueusement nous saluer au mirador du glacier Grey. Bref, on en bave, mais nous avons trois récompenses : le bonheur de l’avoir fait, le spectacle grandiose de la nature et la chambre 5 : deux lits bas et seuls !
Nous prenons une cerveza bien fraîche et goûtons le Calafate Sour avant d’aller dîner, servis à table. Très cosy ce petit refuge par rapport à celui d’hier ! Cassés comme nous sommes, on dort 😴 avant 21 h d’une traite jusqu’à 6 h 🤣

JOUR 10 - MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2019 - GREY

Nous partons du refuge à 10 h pour descendre à travers la forêt sur une petite plage de galets. Ici les chênes ont de toutes petites feuilles. Mélangés aux ceibos à fleurs rouges, ils composent de belles forêts denses. Le temps est toujours clément. Je ne connais pas la température, 11 degrés peut-être. On embarque à 11 h sur le catamaran Grey Lake III. En se faufilant au milieu des icebergs, il nous approche auprès du mur de glace de 30 m de haut aux reflets bleutés. Le glacier Grey fait partie de la 3e calotte glaciaire du monde après l’Antarctique et le Groenland. Magique avec les pics déchiquetés des trois emblématiques Cuernos del Paine en arrière-plan !

Nous traversons le lac et à 12 h 30, nous accostons sur une seconde plage de galets. Un vent hyper violent nous empêche presque d’avancer et de traverser la plage pour rejoindre le parking de la station de rangers où nous attend notre chauffeur, à 10 mn de là. Ivan nous emmène à Puerto Natales (2 heures de route vers le sud) et nous récupérons nos « maletas ». La rivière Grey puis le lac Toro suivent notre progression. À 16 h, on change de véhicule et Nelson emprunte la route de la fin du monde (Ruta 9) - c’est son nom, je n’invente pas - jusqu’à Punta Arenas au bord du détroit de Magellan (3 heures de route plus au sud-234 km). Nous refaisons la même route rectiligne que le bus à l’aller, battue par un vent d’un incroyable violence qui ne nous a pas quitté depuis le parc, et un paysage de steppes immensément vides.

On arrive à l’hôtel Plaza en centre-ville vers 19 h. Le temps de se reposer un brin et de revenir à la civilisation 📡, nous partons dîner trois blocs plus loin à La Luna. On teste « l’effet Venturi », le vent s’engouffrant avec violence dans les rues 🌬. La Luna est un restaurant sympa aux murs tapissés de cartes de visite et de billets de banque. Un mur de bouteilles derrière le bar est accessible par une échelle type bibliothèque. Pour clôturer notre découverte du bout du monde, une douche chaude, quel bonheur ! Hâaâaâa !

JOUR 11 - JEUDI 5 DÉCEMBRE 2019 - ATACAMA

Après nos aventures du bout du monde, c’est le désert le plus aride de la planète que nous allons affronter durant deux jours. En attendant, le vent a soufflé toute la nuit, notre fenêtre au coin d’une rue, s’est ouverte plusieurs fois... Bref comme il fait jour 18 heures par jour, on se lève de nouveau tôt. Thermomètre : 9 degrés, ☀. En fait, nous n’avons pas eu les températures polaires que nous escomptions. Le soleil et la couche d’ozone mince à cette latitude réchauffe bien l’atmosphère que la nuit -courte- rafraîchit énormément. En plus, l’hygrométrie doit être faible car nos nez sont secs et nos lèvres desséchées. Soif !🍻 Quant aux paysages, tout est démesuré si on les compare à nos décors européens.

Aujourd’hui, c’est une journée de transfert avec deux vols Sky, il n’y a pas grand-chose à raconter. Une voiture nous emmène à l’aéroport à 9 h. Embarquement sans histoires pour Santiago (2 heures 50 de vol dans A320). Connexion de deux heures avec reprise des bagages. Embarquement avec histoire pour Calama (1 heure 50 de vol dans A319). 😡 La Sky nous ponctionne $Ch15.000 parce que le bagage de GG dépasse de 500 g les 23 kg autorisés. Le mien fait 2 kg de moins, mais « no se puede » ! Tiens bizarre... au premier vol, il n’y a pas eu de surpoids ?!?!

À 19 h, Francisco nous emmène à San Pedro de Atacama (1 heure de route-100 km). Nous voici dans le désert immensément vide d’Atacama. 24 degrés - ☀. Calama est une ville minière de cuivre avec ses petites maisons de mineurs bien alignées à 2 260 m d’altitude. Une seule rivière nommée Loa traverse la ville et le désert. On la repère facilement aux arbres la bordant. Les Andes à gauche, donc on va vers le sud, avec une chaîne de 50 volcans presque tous en activité, certains font plus de 6 000 m. Les éoliennes et les fermes photovoltaïques égayent un peu le panorama. Va doucement ! On arrive en altitude : point culminant, 3 500 m aux 2/3 de la route. A partir de là, le décor change et une petite végétation apparaît car il a beaucoup plu cet hiver : ce sont de petites fleurs rouges qui n’avaient pas poussé depuis 11 ans. Ici le soleil se couche à 20 h, pour preuve le monde aligné dans le désert pour admirer son coucher. Puis nous pénétrons dans un paysage plus lunaire.

San Pedro est un tout petit village charmant aux maisons en adobe. Nous arrivons au très chic hôtel La casa de Don Tomas à 20 h. On dîne sur place car nous sommes toujours un peu fatigués. Bon choix, côtes d’agneau et « vino tinto » carmenère délicieux. On s’installe pour trois nuits. Nous sommes à 2 431 m d’altitude.

JOUR 12 - VENDREDI 6 DÉCEMBRE 2019 - ATACAMA

À 9 h 15, nous quittons San Pedro et les communautés d’habitat indiennes atacamènes alentour appelées « ayllus » avec Thomas, notre guide de haute montagne, et deux jeunes touristes français, Lisa et Vincent. Paquetage obligatoire : casquette, lunettes de soleil, crème solaire indice 50 et eau.
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Première étape sur la route du désert : « Valle de la Luna ». La Chacana ou Croix du Sud nous accueille, c’est le symbole de tous les peuples andins réunis. La région est peuplée depuis 12 000 ans. Il y a 5 000 ans les indigènes cueilleurs chasseurs domestiquent les lamas (croisement de vigognes et guanacos). Et il y a 3 500 ans, un troisième changement climatique modifie encore leurs habitudes.
La vallée de la lune a été modelée pendant des millénaires par l’érosion de l'eau et du vent. Le sol est formé de canyons, de crêtes pointues, de ravins et de monticules qui lui donnent une apparence lunaire. Nous vadrouillons sur un étroit sentier qui longe une crête qui permet d’avoir un point de vue exceptionnel sur la vallée. Le sel est à fleur des roches striées. Celles-ci font des vagues qui rendent le décor presque irréel. Les pluies tombent en février et ravinent des canyons impressionnants. Il faut respirer doucement à cause de l’altitude, mais aussi de la chaleur et de la sécheresse de l’atmosphère (10 % d’humidité). On inspire par le nez...
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Deuxième étape à 11 h 20 : « Mina Victoria », mine de sel abandonnée.
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Troisième étape à 12 h 10 : Thomas nous offre une collation au mirador de Ckari avec une magnifique vue à 360 degrés sur la vallée de la Lune.
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Quatrième étape à 12 h 40 : la vallée de la Mort (ou vallée de Mars). Ce nom peut faire frémir les aventuriers les plus téméraires : aucun être vivant ne peut y survivre… Et pour cause, l’humidité inexistante et les conditions climatiques extrêmes rendent la vallée complètement stérile.
Nous roulons jusqu’à une dune que nous montons à pied et avec difficulté. Enfin nous, pas les jeunes 😉. Là encore, on est éblouis par la vue panoramique sur la vallée.
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Cinquième étape à 13 h 30 : une petite pause « cerveza » au centre du village de San Pedro s’impose !
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Sixième étape à 14 h 30 : on sort du désert pour aller à la vallée des Arcoiris. Cela prend une heure en voiture. La fleur jaune de l’altiplano, paraichue ou parabrava (nom à vérifier), nous accueille. C’est la nourriture de la vigogne. Nous roulons dans le lit à sec d’une rivière puis nous nous baladons au milieu de couches géologiques de différentes couleurs superposées qui se déploient sous nos yeux, ébahis par ce kaléidoscope de 9 à 4 millions d’années.
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Septième étape à 17 h : nous foulons les ruelles de Río Grande, minuscule village qui garde ses traditions à 3 250 m d’altitude. L’école a trois élèves. On s’arrête sur la place du village, auprès de son arbre majestueux (un agarogo) et son église toute blanche. Nous ne sommes qu’à une cinquantaine de km de San Pedro.
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Huitième étape à 17 h 45 : les pétroglyphes de Hierbas Buenas. Pendant des milliers d'années, ce fût un lieu privilégié de transhumance. C'est certainement pour cette raison que l'on trouve ici un grand nombre de pétroglyphes : renard, lamas...
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Neuvième étape à 19 h : notre 4X4 grimpe en haut de la vallée de la Mort pour que nous assistions au coucher du soleil. Il fait frisquet maintenant et le vent s’est levé. On supporte la doudoune ! Thomas nous installe un somptueux apéritif, le coffre de la voiture servant de table, et nous nous régalons en attendant 20 h que le soleil disparaisse et colore de rouge les volcans de l’autre côté de la vallée. Magique !

JOUR 13 - SAMEDI 7 DÉCEMBRE 2019 - ATACAMA

À 9 h 15, nous quittons San Pedro avec Thomas, notre puits de science, et nos compagnons d’hier. On ne change pas une équipe qui gagne !
À 9 h 45, notre première étape sur la « Ruta del Diesertio » est le village de Toconao. Ici se sont installés les 492 premiers colons qui ont tué 300 indiens. C’est maintenant un petit village tranquille aux maisons en pierre ponce avec son église blanche du 16e siècle. Dans une boutique artisanale, deux lamas nous font les yeux doux.
À 10 h 40, on passe le tropique du Capricorne. Nous nous dirigeons vers le sud avec le Salar d’atacama (13 500 km2) sur notre droite.
À 11 h, nous nous arrêtons 5 mn à Socaire (3 300 m d’altitude), l’air est frais. Une mignonne petite église en adobe et des terrains en espaliers. C’est là que nous reviendrons déjeuner. Ensuite, on traverse l’Altiplano reconnaissable à sa végétation de « paja brava », graminée épineuse jaune.

À 11 h 30, nous pénétrons dans la réserve Los Flamencos à 4 244 m d’altitude. Il y a 9 millions d’années, les plaques techtoniques se touchent, se tapent et soulèvent le magma pour former l’altiplano ou la puna. Le volcan Miñiques crache il y a entre 5 et 1,5 millions et forme une lagune verte, car chargée d’arsenic, bordée de sel. L’eau est très acide et les vigognes se sont adaptés à la boire. À côté, la même chose pour la laguna Miscanti et son volcan.
À 13 h, nous reprenons la voiture 40 minutes pour aller jusqu’à la lagune Tuyacto vert clair (oxyde de fer) où ça décoiffe ! Puis le lac salé de Talar qui vient d’être acheté par une société canadienne, Lithium Chile, 3 dollars le m2 ! 2 300 dollars aujourd’hui 🤬 Des veines bleues (lithium), souffre (blanc), arsenic (vert)... Le site impressionnant dans son écrin de montagnes grises est destiné à disparaître. L’ONG Atacama Somos Todos a été créée pour protéger les lagunes et les lacs. Ça décoiffe encore plus !
On fait demi-tour et on s’arrête déjeuner à 15 h au restaurant communautaire de Socaire. Très sympa : une soupe, du bœuf aux petits légumes d’été et une crème vanille.
Puis, nous nous baignons... les pieds une heure à Peine, au bord du Salar d’Atacama, dans des piscines naturelles d’eau des montagnes à 16 h 30. Très froid... mais l’arrêt au soleil est des plus agréable.
Nous continuons notre chemin (a force de tourner-virer, je ne sais plus trop où nous sommes 🤗). Nous voyons des tempêtes de sable comme des mini-tornades au loin. Et nous arrivons enfin dans le Salar d’Atacama à 18 h 30. On se protège du soleil (les radiations sont méchantes ici) et du vent toujours présent. J’en perds ma casquette New-York 😢 dans la croute de sel qui compose le lac. Il est interdit de marcher hors des sentiers balisés. En s’évaporant, le sel semble s’être pétrifié et forme un décor chaotique d’« évaporites ». C’est un des plus grands gisements de lithium du monde (40 % de la production). Il est très différent du Salar d’Uyuni en Bolivie bien qu’il ne soit pas très loin. Il est parsemé de lagunes où une minuscule crevette nommée « artemia » vit. Elle est mangée par les flamands roses, tête baissée à longueur de journée. Au bord de la lagune de Chaxa, on les contemple sans fin. Les flamands andins ont une pointe noire ; les chiliens, une pointe rose ; les James, pas présents au Chili, sont monochromes.

On s’installe comme hier à l’abri du vent derrière la voiture pour notre apéro en discutant de tout, de rien, de voyages... et en attendant le coucher du soleil de 20 h. Quand les montagnes ont bien rougi, nous repartons. Retour à l’hôtel à 21 h. On grignote un bout à l’hôtel. Vite, on n’a pas trop de temps car on a les valises à faire et on part à 6 h demain.

JOUR 14 - DIMANCHE 8 DÉCEMBRE 2019 - ATACAMA

Lever à 5 h 30. 2 degrés. Thibault, notre guide belge du jour, et Nicolas, notre chauffeur, nous attrapent à 6 h direction le nord, cette fois, et les geysers du Tatio qui signifie « grand-père » en atacamène. Il fait encore nuit, mais le ciel a déjà blanchi. La route est défoncée. Nous passons à Vado Machuca, une jolie zone humide où grouillent des flamands roses (on s’y arrêtera au retour), puis le village de Machuca qui héberge la 2e plus vieille église du Chili (1650) de la taille d’une cuisine. En une heure, on s’est pris 2 km d’altitude. Nous passons un col à 4 600 m ! C’est un désert de sable, seuls les vigognes que nous voyons paître peuvent survivre. On se demande ce qu’elles mangent.

À 7 h 30, on arrive avec l’aube sur le troisième site de geysers du monde, le premier étant Yellowstone, le 2e en Russie (à chercher). Il fait -7 degrés, ça pique, mais... on a ressorti les doudounes, gants, bonnets, écharpes... Il faut y être tôt car les fumeroles qui peuvent atteindre 10 m, disparaissent avec le soleil, dès que l’écart thermique diminue. L’eau jaillit à 86 degrés et il n’y a aucune sécurité. Les abords des geysers sont dangereux et il y a déjà eu des accidents. C’est le contact des eaux souterraines froides avec les roches chaudes magmatiques qui produit ce phénomène de jets bouillonnants cycliques, frémissants continus, bouillonnants continus... On a une véritable bombe sous nos pieds 💣

Puis nous continuons notre programme de la matinée :
À 9 h, nous prenons un petit déjeuner, table mise, au cul de la bagnole devant les cônes des geysers. Y’a de la baguette ! Miam !
En milieu de matinée, Thibault nous propose de nous baigner dans le bassin d’eau chaude naturelle sur le site même, mais on capitule. Trop haut, trop froid... Je dois avouer que l’altitude et le manque d’oxygène me fatiguent, GG supporte mieux 😜 Nos compagnons se baignent.
À midi, nous faisons une halte au geyser de boue. Ça fait flipper ce grand cratère où les jets bouillonnent et soulèvent des gerbes de boue ! Une idée de l’enfer. Puis on s’arrête un instant au geyser blanc avec son grand dôme. Plus cool, mais toujours aucune protection. Quand ça va péter tout ça !

Nous entamons ensuite notre chemin du retour. On s’arrête au mirador de Vado Putana, une ravissante zone humide à côté d’une ancienne mine de soufre. Il paraîtrait que le nom vient des femmes que fréquentaient les mineurs, c’est à vérifier. Plus loin, les flamands roses de l’aller n’ont pas bougé, mais le chauffeur dit qu’il est interdit de s’arrêter. Alors pasamos... Nous sommes à l’hôtel à 14 h 30. Check-out, cervezas sur la terrasse de l’hôtel, sieste, et à 16 h, Nicolas revient nous chercher pour nous emmener à l’aéroport de Calama où il nous dépose à 17 h 15. L’A319 de Sky nous propulse à Santiago en deux heures. Nous dormons à l’Holliday Inn de l’aéroport, pratique car nous avons juste la rue à traverser. Il est 21 h 30, dîner, douche, dodo.

JOUR 15 - LUNDI 9 DÉCEMBRE 2019 - ÎLE DE PÂQUES

Ce matin, nous sommes autonomes pour nous rendre sur la minuscule île polynésienne de Pâques à 3 760 km de la côte chilienne et à 4 100 km de Tahiti dans la Pacifique. Nous nous levons à 6 h 15 sans trop de difficultés. On est revenus sur le plancher des vaches ! Nous passons facilement les formalités d’entrée un peu plus pointue pour l’île que pour le reste du Chili. Il faut montrer les formulaires d’entrée pré-remplis et une preuve d’hébergement. Notre Boeing 787-9 décolle à 9 h 30, à l’heure. 5 heures de vol et 2 heures de décalage horaire. Bref on arrive à 12 h 35. Nous y voilà enfin, Julie ! Le capitaine annonce 22 degrés et des nuages à Hanga Roa. Végétation tropicale, notre organisme va en prendre un coup à passer de la chaleur sèche à 90 % à une ambiance humide à 70 % ! Je dois avouer humblement que je préfère. Roger vient nous chercher avec des colliers de fleurs. Notre très chic hôtel O’Tai en centre-ville a un joli jardin fleuri, nous y serons comme des coqs en pâte pendant trois jours.

On s’habille été (enfin !). Exit la doudoune, Nadine ! On part faire un tour à 15 h surtout pour acheter les tickets d’entrée au parc national de Rapa Nui ($160) et boire un pot. La bière Mahina est la seule bière locale. Les fleurs d’hibiscus sont de vrais choux avec des couleurs jamais vues chez nous : blanches, jaunes... Et les bougainvilliers ! 🌺. Un régal pour les yeux. Nous parcourons l’artère principale de la petite ville de Hanga Roa et nous voyons nos premiers « moaï » sur le port de pêche.

Vers 19 h, on cherche un restaurant, mais il y a beaucoup de cafés. Nous atterrissons par hasard au Kai Mana. Bon choix : thon à la plancha cuit à point, quinoa et 🍷 On a quand même passé un gilet !

JOUR 16 - MARDI 10 DÉCEMBRE 2019 - ÎLE DE PÂQUES

Ah , un petit déjeuner dehors, quel bonheur ! Elizabeth, une fille du pays qui a étudié en France, passe nous prendre à 9 h 30. Nous partons à la découverte de cette île fascinante et mystérieuse.
Nous commençons notre visite par le site de Ahu Tahai à côté de la ville. Un « ahu » (plateforme) de cinq « moaï » (statues) et deux solitaires. Une a son chignon rouge et l’autre ses yeux en corail blanc et obsidienne (c’est la seule de l’île, mais ils sont faux). Les statues ont été redressées et restaurées dans les années 1970. En fait, toutes les statues de l’île ont été retrouvées par les explorateurs et les missionnaires catholiques, couchées, certainement renversées lors des guerres tribales du XVIIe siècle. La construction des statues en tuf volcanique s’est faite du XIXe au XVIIe siècle. Ce sont les « visages vivants des ancêtres importants de chaque tribu », les protecteurs du village. Il y a en tout mille statues de 1 à 22 m pesant jusqu’à 80 tonnes.
Les Polynésiens sont arrivés ici en 500 après Jésus-Christ apportant en tout et pour tout des rats et des poules. Tous les autres animaux ont été introduits au XXe siècle. L’île a été découverte le 5 avril 1722, le jour de Pâques 😛 Elle a 8 000 habitants. Il n’y a pas de rivière, tout son système hydraulique dépend de la pluie. Toute sa végétation plus que luxuriante a été introduite notamment les eucalyptus. Le climat est semi-tropical, il n’y a jamais de cyclones. Elle est rattachée à la 5e région du Chili et dépend donc de Valparaiso.
Nous continuons par le site de Ahu Akivi datant du XIIe siècle. C’est le seul site au centre de l’île, ça ressemble à l’Auvergne. On voit au loin le Mauna Tere Vaka, point culminant de l’île à 511 m au-dessus du niveau de la mer. Les sept statues regardent la mer contrairement aux autres sites où elles font face au village. Le « ahu » est orienté pile poil dans l’axe du solstice d’hiver. Ce serait la représentation des sept éclaireurs envoyés par le roi polynésien Hotu Matu’a pour repérer le lieu. Leur lieu d’origine n’était plus apte à les héberger sans doute à cause d’un cataclysme. Ils regarderaient donc leur île d’origine, probablement une île des Marquises. Le langage pascuan est d’ailleurs proche de celui des Marquises.
Nous finissons la matinée par la carrière de Puna Pau où étaient extraits les « pukao » (chignons). Et non, ce ne sont pas des chapeaux ! Les scories volcaniques rouges s’appellent « hanihani » (pouzzolane). Les chignons sont apparus tardivement. On compte 100 chignons dans l’île dont 20 que nous pouvons voir sur place. Les gros cylindres extraits étaient transportés sur le site final, quelquefois à 12 km, taillés et creusés sur place, puis emboîtés sur la tête des statues. Les méthodes de mise en place sont encore hypothétiques. Au sommet du site, nous avons une belle vue sur la région.

À 14 h, nous commençons l’après-midi par le site de Vinapu et son mur inca. On s’interroge. Les Polynésiens seraient-ils descendants des Incas ? Les « moaï » n’ont pas été redressés pour garder un témoignage des sites tels qu’ils ont été découverts par les explorateurs au XVIIIe siècle.
Puis le mirador Hana Roa nous offre une vue sur la ville et sur une des pointes du triangle formé par l’île. Les goyaviers bordent la route.
Nous allons ensuite au bord du cratère du volcan Rano Kau âgé de 2,5 millions d’années. C’est un magnifique lac de 1 600 m de diamètre couvert de roseaux. Dans les temps anciens, les villageois venaient y chercher de l’eau. Sur la crête du volcan, on se balade dans la cIté d’Orongo, cité cérémoniel de 53 maisons en ardoise aux toits végétalisés (un peu similaires à des bories) habitée une fois l’an en septembre quand les « manutara » (sternes) revenaient nicher sur le « motu nui » (grande île) à 1 400 m de la côte. À ce moment-là, se déroulait le rite de l’homme-oiseau qui a succédé au rituel des « moaï » après les guerres tribales. Chaque chef du village choisissait son champion, un athlète capable de descendre la falaise du volcan, courir jusqu’à la plage, nager jusqu’à la grande île, récupérer un œuf de sterne, l’attacher sur sa tête et revenir au village de la même façon. Le premier arrivé donnait la victoire à son chef pour un an, il était vénéré.

 16 h, nous buvons une petite bière sur la terrasse de La Kaleta au bord de l’océan, face aux surfeurs. Ça brûle, mais c’est bon ! Tellement que nous revenons dîner. Des pâtes aux fruits de mer et 🍷. Exquis ! Difficile de rentrer se coucher face à un tel spectacle.

JOUR 17 - MERCREDI 11 DÉCEMBRE 2019 - ÎLE DE PÂQUES

Au fait, je n’ai pas décrit l’homme-oiseau représenté très souvent sur les pétroglyphes qu’on a retrouvé par centaines à Orongo. Corps d’homme, tête d’oiseau à gros œil et grand bec crochu. Pour en vernir à ce matin, il fait 19 degrés et il pleut ! Quand nous partons faire le grand tour de l’île (50 km) à 9 h 30, le ciel est bien chargé, mais pas de pluie. Ouf ! 200 sites sont recensés sur le littoral répartis tout autour de l’île.

Nous partons sur le côté sud du triangle formé par l’île. C’est aride, sans végétation, car ce ne sont que des rochers sans sédiments. Il n’y a que les ceibos aux fleurs rouges, l’emblème de l’Argentine, qui y poussent. Il passe comme un petit air de Bretagne avec la côte rocheuse et les collines vertes. Des chevaux en liberté gambadent.

1ère halte au site de Vaihu où est reconstitué un village. Huit moaï alignés face contre terre, les chignons ont roulé sur le côté. Devant les statues, le « koropaïna » (cercle de pierres cérémoniel) est bien visible. On peut y voir une maison-pirogue et leurs ingénieux jardins à l’intérieur de murets circulaires en pierre. Ils y cultivaient entre autres le « taro », sorte de patate fibreuse. L’île a compté au plus 20 000 habitants, au moins 111 habitants après la période de collapse interne.

2e halte au site d’Akahanga. Encore un site laissé en l’état.

3e halte au site de Rano Raraku, la carrière, le berceau des statues, sur les pentes du volcan. Derrière, mais on ne les voit pas, le cratère et son petit lac. C’est un site exceptionnel. Il regroupe 397 statues de 11 à 15 m de hauteur, à différents stades de construction. La plus imposante mesure 22 m et pèse 180 t, elle est encore dans sa gangue de pierre. Les ouvriers vivaient ici, ils mettaient 6 à 8 mois pour construire un moaï en s’y mettant à 10 personnes. Ils en faisaient plusieurs à la fois. La statue était sculptée directement dans la roche, on commençait par la face tournée vers le ciel, puis le dos par dessous jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une « quille » qu’on perforait jusqu’à ce que le poids de la statue la fasse éclater. Le moaï était ensuite transporté sur son lieu d’érection. Comment ? Sûrement debout en le basculant de droite à gauche. Mais rien n’est sûr ! C’est seulement arrivé à destination que ses orbites étaient creusées et garnies de leurs yeux. Il coiffait également son chignon qui était creusé sur place. Il était aussi tatoué. La statue la plus insolite est celle du moaï Tukuturi, isolé, à genoux donc avec des jambes (c’est le seul, les autres sont tronqués à la taille, les mains sous le ventre) et une petite barbiche. Peut-être le protecteur de la carrière. Il est sûrement ancien, IXe siècle probablement. Le plus étonnant ici est que les moaï sont inachevés, abandonnés sur leur chemin, comme si le temps s’était figé. Révolte, cataclysme, sécheresses, épidémies... No body knows...

4e halte au sublime site de Tongariki au pied de la carrière, et face à une baie turquoise. C’est le plus important de l’île. Il a été restauré en 1995 par des Japonais. Ces quinze statues géantes ont été couchées par les guerres puis en 1960, un tsunami de magnitude 9,5 venant du Chili les a déplacées de 100 m vers l’intérieur des terres. L’ordre dans lequel elles ont été redressées n’est sûrement pas le bon ! Nous bifurquons à gauche face au volcan Poike pour entamer le côté nord du triangle. C’est la côte la plus aride et la plus venteuse, avec de nombreux chevaux en liberté dans les champs.

Au milieu de la côte, 5e halte sur le site de Arakena et sa plage de cocotiers importés de Tahiti. Nous grignotons notre sandwich, il est 14 h. Puis, sur la dune, on va regarder sept statues parfaitement conservées car elles étaient couchées dans le sable. On découvrit même dans le sable, en 1978, le seul œil de corail de l’île. Un huitième moaï tout seul au bout de la plage est le premier à avoir été redressé en 1956.

Nous prenons ensuite la route très verdoyante qui traverse l’île pour rentrer à l’hôtel à 15 h 40. Ça sent bon l’eucalyptus.

Nous passons notre dernière soirée à La Kaleta devant la mer déchaînée. Un délicieux thon au quinoa et aux « papas », et 🍷 pour finir en beauté ce séjour sur Pâques à deux semaines de Noël 😇

JOUR 18 - JEUDI 12 DÉCEMBRE 2019 - ÎLE DE PÂQUES

Il pleut depuis que nous sommes rentrés d’excursion hier. Après notre dernier petit déjeuner au milieu des fleurs tropicales, nous attendons notre chauffeur une heure sur le pas de l’hôtel 😙. Le patron de l’hôtel, très sympa, va à l’agence les réveiller. Nous arrivons à 10 mn de la fin de l’enregistrement ! Notre Boeing 787-8 de Latam décolle à l’heure, soit 11 h 45. On roule longtemps car la piste est très longue, de la largeur de l’île. Elle a été rallongée par la Nasa pour servir de piste de secours à la navette spatiale.

Je m’aperçois qu’il y a deux trois petites infos que je n’ai pas écrites. Par exemple qu’après son rattachement au Chili en 1888, l’île de Pâques a été louée aux Anglais pour l’élevage de moutons. Quant aux autochtones, ils étaient parqués dans Hanga Roa. Pas joli, joli. C’est de cette époque que date la plantation d’eucalyptus et les très nombreux murets en pierre qui étaient destinés à contenir les moutons.

Et aussi qu’à l’arrivée des Polynésiens, l’île n’était plantée que de palmiers dont les troncs auraient servis à transporter les moaï couchés face contre terre de la carrière à leur destination finale. Cette hypothèse est peu probable car la tradition orale rapporte que les moaï marchaient !

Voilà ! Nous retournons à Santiago à l’hôtel Solace. Antonio est venu nous chercher, mais ce fut un gros bocson pour y arriver.

JOUR 19 - VENDREDI 13 DÉCEMBRE 2019 - VALPARAISO

21 degrés à 9 h, ciel bleu sur Santiago. Avec Antonio et Pablo, nous partons à Valparaiso, la perle du Pacifique, pour notre dernière étape de ce beau et intense voyage. Ce pays n’est pas le plus facile, il est même rude dans le sens où les conditions climatiques et géographiques sont extrêmes.

À 110 km au nord-ouest de Santiago, Valpo (comme ils disent) est la capitale législative du Chili. C’était le souhait de Pinochet de déménager le parlement en 1990. On traverse les quartiers pauvres et les bidonvilles à la sortie de la ville de Santiago. Puis un tunnel de 3 km nous fait traverser la cordillère côtière plus ancienne que la cordillère des Andes. À la sortie, la belle région agricole de Curacaví qui prospère grâce au climat méditerranéen. Ensuite un second tunnel de 1,3 km et nous traversons la vallée de Casablanca plantée majoritairement de Pinot noir. Mais tous les cépages blancs et noirs sont présents. Ici les vendanges se font de fin mars à mai, plus tardivement que dans les autres régions à l’intérieur des terres plus ensoleillées. En effet, le courant froid de Humbold « climatise » le secteur. Des éoliennes à gaz empêchent les ceps de geler en hiver. La dizaine de domaines viticoles se sont installés en 1990.

Juste avant d’arriver à Valparaiso, on passe par Viña del Mar, station balnéaire de 700 000 habitants. Au sommet de la colline, les bidonvilles à droite, les quartiers pauvres à gauche. À flanc de collines, les classes moyennes. En bas, les plus riches.

Valparaiso a été créée par les conquistadors espagnols au XVIe siècle et s’est développée lentement jusqu’à devenir le port le plus important d’Amérique du Sud au XIXe. En 1906, un tremblement de terre l’a considérablement détruit. Puis en 1914, le canal de Panama a signé la décadence du port car les bateaux ne descendaient plus jusqu’au cap Horn pour passer d’un océan à l’autre. Fascinante, bohème et pittoresque, on aime ou on n’aime pas Valparaiso qui est restée figée à la fin du XIXe siècle. Elle abrite 300 000 habitants appelés « Porteños » comme ceux de Buenos Aires. Elle a subi une forte influence italienne et cela donne des maisons colorées à flanc de falaises comme en Ligurie, aux Cinque Terre... Valparaiso est bâtie sur 42 collines, quelques unes ont encore leurs funiculaires (appelés « ascensores »), le plus vieux date de 1883. Nous faisons le tour de la ville en voiture, nous suivons l’avenida Alemania, rue en corniche qui serpente sur le versant des collines, pour apprécier la vue.

D’abord, on visite La Sebastiana, une des trois maisons de Pablo Neruda, qu’il a acheté dans son port préféré avec des amis artistes. Elle s’appelle ainsi en hommage à l’architecte espagnol Don Sebastián Collado qui la construisit sur le « Cerro Bellavista » (colline Bellevue). Elle est haute et étroite, ses 5 étages dominent la vaste baie de Valparaiso. Cette maison tout en escaliers reproduit un peu Valpo. Et elle glorifie les voyages. Elle a été inaugurée en grande pompe le 18 septembre 1961 par une fête mémorable. Don Pablo vécut ici avec sa 3e femme, Matilde Urrutia. Il est né en 1904, écrivait à l’encre verte et était ami de Federico Garcia Lorca. Après le coup d’état de Pinochet en septembre 1973 et la mort de Neruda 12 jours plus tard, la maison est saccagée par les militaires. Elle a été restaurée en 1991 par la fondation Neruda. L’intérieur est la maison-musée d’un collectionneur de beau mobilier et de beaux verres colorés ! L’eau y est meilleur, paraît-il.

Après un petit arrêt pour boire une bière sur la terrasse d’un restobar bien agréable, avec vue sur la maison du poète communiste, nous nous baladons à pied sur la colline « Alegre » (Joyeuse) classée au patrimoine mondial de l’humanité. C’est dans ce quartier qu’est notre très cosy boutique-hôtel Casa Puente. Les 15 chambres sont décorées par un artiste différent. La nôtre est l’œuvre de Fernanda Saldivia qui travaille de manière éclectique en mélangeant objets, peintures, couleurs et formes. Les façades des maisons multicolores sont en tôles ondulées posées à la verticale (à Buenos Aires, elles sont mises à l’horizontale). En-dessous, c’est très souvent du torchis. Ensuite nous passons sur la colline « Concepcíon » (Conception), elle aussi patrimoine de l’humanité. Ce sont deux quartiers plutôt branchés où l’art de la rue est omniprésent. Toutes les façades sont couvertes de peintures murales, une façon de s’exprimer qui a commencé face à la répression. Les rues escarpées sont animées. De nombreuses jolies terrasses et belvédères surplombent la ville, le port et la baie avec ses gros porte-containers en cales.

Nous rentrons à 17 h. Un petit repos et nous partons dîner au restaurant Cafe Turri à 500 m. Il fait un peu frais, mais nous nous installons sur la terrasse avec vue sur mer. Lasagnes de seiche aux fruits de mer et truffe au chocolat amer et... 🍷 (syrah) 😍 La nuit tombe à 12 000 km de Paris. Demain, journée libre !

JOUR 20 - SAMEDI 14 DÉCEMBRE 2019 - VALPARAISO

Des chiens errants, des chats, des crottes, des escaliers très raides, des graffitis partout et souvent beaux sur la tôle ondulée des façades, des artistes sur les « paseos » (promenades), des ateliers et des cafés dans les passages, on retrouve ce patchwork coloré dans notre balade de ce matin.

Vers 11 h, nous descendons par le funiculaire sur la grande place Sotomayor près du port. Un voyage coûte 100 pesos, soit 11 centimes d’euros ! Le soleil commence à pointer son nez, mais le vent reste frais. Nous y restons un petit moment pour regarder des groupes de danseuses et des formations de gros tambours aux rythmes endiablés se regrouper sur la place puis défiler dans l’avenue Prat. Certainement un carnaval, mais « no sé ! » Nous remontons par le même funiculaire sur le « Cerro Alegre » car nous préférons l’atmosphère plus feutrée des quartiers en hauteur.

Les restaurants sont plus chers que nous le pensions, mais les portions sont énormes. Un reste des privations du temps de Pinochet, sans doute. Un plat, un dessert et une bouteille de vin nous sont revenus en moyenne à 50 voire 60 €. Le litre d’essence, quant à lui, est à un peu moins de 1 €. Le taux de change fluctue tous les jours. À notre arrivée, 1 € valait 876 pesos ; aujourd’hui, c’est 850 pesos. Tiens, en parlant de ça. Au Chili, tout est privé: eau, école, santé... Le salaire moyen est de 600 €. Mais cela ne veut pas dire grand chose car, dans ce pays riche, 15 % de la population est hyper riche tandis que le reste crève la faim. C’est un régime néolibéral et les inégalités ne sont pas prêtes d’être réduites. L’économie est soutenue par quatre piliers : le cuivre et le lithium (le chili est le 1er producteur mondial de cuivre - 1/3 de la production mondiale) ; l’agriculture ; la pêche (2e producteur de saumon après la Norvège) ; et enfin, le bois et la cellulose.

Nous rentrons à 18 h. Un petit repos et nous partons dîner au restaurant Fauna à 10 mn pour notre dernière soirée. Cependant, nous sommes contents de rentrer après trois semaines de crapahut. Il a fait beau toute la journée, mais le vent vient de se lever. Nous nous installons sur la terrasse avec vue sur le port et le « Cerro Pantéon ». Est-ce le cimetière des catholiques ou celui des dissidents, les protestants ? On ne se le rappelle pas. Châle sur le dos, nous commandons un Pisco Sour, du thon avec des patates et des légumes méditerranéens (pas de dessert) et... 🍷(carmenère de la vallée de Colchagua, la meilleure) 😍 Excellente adresse, merci Pablo ! La nuit tombe sur Valparaiso (prononcez Valpar-a-i-so) et nos yeux vont se fermer sur une belle aventure.

JOUR 21 - DIMANCHE 15 DÉCEMBRE 2019 - SANTIAGO

On va bientôt retrouver notre bonne baguette française ! Ici ce ne sont que petits pains ronds et pain de mie souvent aux céréales. Les Chiliens sont très proches de la nature et très respectueux de l’environnement. Nous avons des leçons à prendre.

Nous sommes à une semaine de Noël, mais nous n’avons pas vu beaucoup de sapins décorés autour de Santiago. Par contre, ils étaient bien présents en Patagonie. Pourtant, la religion majoritaire est le christianisme que les groupes indigènes ont adapté aux croyances traditionnelles. Le pays abritait une douzaine de nations aborigènes avant l’irruption des Espagnols au XVIe siècle. Elles ne représentent plus que 5 % de la population. Le groupe le plus représenté dans la partie sud du Chili, est celui des Mapuches, appelés également Araucans, (littéralement « peuple de la terre » en mapudungun). Nous avons côtoyé les Atacameños (« Lickan-antay » - habitants du territoire - en kanza) qui habite l’intérieur du désert d’Atacama.

Antonio vient nous chercher à 18 h 30 pour nous ramener à l’aéroport de Santiago. Il n’y a pas grand-monde dans notre hôtel « art & wine », aussi nous pouvons garder notre chambre jusqu’à 18 h. Ça se goupille bien ! Les Chiliens se sont globalement montrés très serviables et prévenants envers nous. ✈ On décolle normalement à 22 h 55 et on arrive demain à Roissy à 16 h 50. Je crois que vous n’aurez pas d’autres nouvelles avant notre retour à Paname ! 😉

Finalement, c’est une journée d’attente un peu longue. On va quand même voir plus haut au coin de la rue Almirante Montt, un des graffitis les plus emblématiques de Valpo. On la nomme « la mamie de Valparaíso », une œuvre créée par un duo d’artistes français, Ella & Pitr, connus aussi sous le nom de Papiers Peintres.

On quitte notre galerie d’art-hôtel. Je n’ai rien acheté ! Mais dans nos balades, j’ai craqué pour des bijoux en lapislázuli. Il ne fallait pas rater d’acheter cette pierre nationale ! Le Chili possède un des deux gisements de la planète, l’autre est en Afghanistan.

Attention, mesdames et messieurs, dans un instant, ça va commencer ! Antonio nous prend déjà avec 1/4 d’heure de retard à cause de la circulation. Il enquille l’autoroute et patatras, ou plutôt pffffit, roue arrière droite du camion crevée. Une demi-heure sur la bande d’arrêt d’urgence pour changer le pneu, c’est long. On repart donc, mais là, c’est un trafic d’enfer qui nous stresse jusqu’à la dépose passagers à 21 h (dimanche soir normal ou manifs à Santiago, on ne sait pas). Nous sommes dans les temps. Puis ça continue. La salle d’embarquement située dans le terminal E tout neuf, est à perpète. Fallait pas se presser 😥 car notre Boeing 787 d’Air France ne s’ébroue qu’à 00 h 15 (1 heure 20 de retard) en raison de « l’arrivée tardive de l’avion de Paris ». 😙 Nous sommes de nouveau bien installés tout au fond du zinc, seuls sur notre rangée, pour 13 heures 10 de vol ! Nous dormons comme des bébés après le repas à bord servi après le passage de la Cordillère qui génère des turbulences. Merci Imovane 💊

JOUR 22 - LUNDI 16 DÉCEMBRE 2019 - PARIS

Le petit déjeuner est servi à midi, heure chilienne ☕️🍳. Ce serait plutôt le goûter à l’heure française ! On atterrit à Roissy à 17 h 30. Doudoune. Taxi. Trafic (pas fluide à cause des grèves). On arrive à Croissy vers 19 h 45. La page se tourne, le livre se ferme et laisse place à une nouvelle histoire...

Hasta la proxima !

Photos ici.

LE PROGRAMME

Jour 1 : PARIS ✈️ SANTIAGO
Atterrissage à Santiago à 10 h 15, heure locale.
Journée consacrée à la visite de la capitale du Chili située au pied de la cordillère des Andes.
J
Jour 2 : SANTIAGO ✈️ BALMACEDA 🚘 PUERTO TRANQUILO
Prise de la voiture de location à l’aéroport de Balmaceda. Départ par la route australe (251 km/<5 heures).

Jour 3 : PUERTO TRANQUILO 🚘 PUERTO GUADAL
— 🛳 Excursion facultative : Navigation Cuevas de Marmól

Jour 4 : PUERTO GUADAL
— 🛳 Excursion facultative d’une journée à bord du Patagonia Jet

Jour 5 : PUERTO GUADAL 🚘 CHILE CHICO (110 km/2 heures 30) 🛳🚘 COYHAIQUE (110 km/1 heure 30)
Traversée en ferry (2 heures) du lac General Carrera.

Jour 6 : COYHAIQUE 🚘 BALMACEDA ✈️ PUERTO MONTT
Le matin, départ de Coyhaique pour rejoindre l’aéroport de Balmaceda (60 km/1 heure) et rendre le véhicule.
L’après-midi, excursion nature dans la région des lacs.

Jour 7 : PUERTO MONTT ✈️ PUNTA ARENAS 🚌 PUERTO NATALES
À Punta Arenas, transfert en bus de ligne jusqu'à Puerto Natales, au bord du canal Señoret (249 km/3 heures) et porte d’entrée de la Patagonie chilienne.
Reste de la journée libre.

Jour 8 : PUERTO NATALES - PARC TORRES DEL PAINE
🚢 Navigation dans le parc national au milieu des glaciers.
🏕 Nuit au refuge Los Paine Grande.

Jour 9 : PARC TORRES DEL PAINE
🏃🏽‍♂️🏃‍♀️ Trekking (11km – Dénivelé +450 m/-450 m).
🏕 Nuit au refuge Grey.

Jour 10 : PARC TORRES DEL PAINE👨‍✈️ PUNTA ARENAS
🚢 Le matin, navigation à bord du Grey Lake II.
L’après-midi, transfert à l’aéroport de Punta Arenas.

Jour 11 : PUNTA ARENAS ✈️ SANTIAGO✈️ CALAMA 👨‍✈️ SAN PEDRO DE ATACAMA
À l’aéroport de Calama, transfert au village-oasis de San Pedro de Atacama (102 km/~2 heures).

Jour 12 : SAN PEDRO DE ATACAMA
Excursion en petit groupe pour découvrir le désert brûlant de l’Atacama.
🌎 Soirée observation des étoiles avec un professionnel.

Jour 13 : SAN PEDRO DE ATACAMA
Excursion en petit groupe dans le Gran Salar de Atacama.

Jour 14 : SAN PEDRO DE ATACAMA 👨‍✈️ CALAMA ✈️ SANTIAGO
Le matin, excursion en petit groupe pour voir le lever du soleil sur l’Altiplano et visite du village typique andin de Machuca.
L'après-midi, transfert à l’aéroport de Calama (102 km/~2 heures).

Jour 15 : SANTIAGO ✈️ ILE DE PÂQUES

Jour 16 : ILE DE PÂQUES

Jour 17 : ILE DE PÂQUES

Jour 18 : ILE DE PÂQUES ✈️ SANTIAGO

Jour 19 : SANTIAGO 👨‍✈️ VALPARAISO
Journée consacrée à la rencontre du légendaire port de Valparaiso.

Jour 20 : VALPARAISO
Journée libre.

Jour 21 : VALPARAISO 👨‍✈️ SANTIAGO ✈️ PARIS
Transfert à l’aéroport de Santiago en fin de journée.