Samedi 24 octobre 2020

Tous dans les voitures à 9 h 50 après un petit-déjeuner au restaurant La Tornade de La Haie Tondue à Drubec dans le Calvados. Il fait 13 °C et le ciel est plombé. Même il pleut... ☔️ Jean-Pierre et Véronique nous emmènent visiter leur Normandie. Les 29 convives du RAC-EGF suivent.

Magloire

A 10 h 10, le musée « Calvados Expérience » du Père Magloire à Pont-l’Évêque nous accueille. Par deux groupes de 15, nous déambulons dans une attraction digne de Disney, pour une immersion multisensorielle. Un voyage à travers les siècles et l’explication de la fabrication du calvados, spiritueux, eau-de-vie, élixir de Normandie, comme on veut.
Quelle histoire ! Les Normands sont issus d’une invasion des Vikings en 911 avant J.-C. Ils s’installent de la Seine à la mer dans le grenier de Paris. Pour étendre leur territoire, les ducs normands deviendront rois d’Angleterre. Quant au nom de Calvados, il serait espagnol ! En 1588, « El Salvador », bateau de l’Armada espagnole, fait naufrage sur la côte. D’où cette appellation obtenue par déformation : Calvador puis Calvados 🤔.
Tout part d’une simple 🍎 ! La pomme est le secret de la jeunesse éternelle pour les Grecs. Les dieux des Vikings avaient leurs propres vergers. Plus tard, en 1553, le sieur Gilles de Gouberville qui étudiait l’alchimie, transforma, le premier, le cidre en eau-de-vie. Plus récemment, en 1914, le calvados est réquisitionné par les Allemands et transformé en explosif. En 1942, il obtient son AOC, lui permettant ainsi d’échapper aux combats.
Guidés par les sons et les odeurs, tout, tout, tout, vous saurez tout sur l’eau-de-vie ! Le jus des pommes mis en cuve doit macérer six semaines pour donner un cidre de bonne qualité. On brasse un mélange de 3/4 de pommes douces et douces-amères et 1/4 de pommes douces et acidulées (1 t de pommes = 650 l de cidre).
Une double distillation est obligatoire pour obtenir le calvados AOC « Pays d’Auge ». D’abord, on extrait 450 l de « brouillis » à 30 % d’alcool en chauffant 2 500 l de cidre récemment fermenté, qui passent ensuite dans l’alambic et ses 65 m de serpentins. Puis, 2 500 l de brouillis sont remis dans la chaudière pour obtenir une eau-de-vie titrée à 70 %. L’étape suivante est son vieillissement de deux à vingt ans dans des fûts de chêne. Les arômes se révèlent. La part des anges réduit la teneur en alcool. La dernière étape de la fabrication du calvados est l’assemblage.
Passons à la dégustation pour clôturer la visite : XO (Père Magloire depuis 1821), finition en fût de whisky (Boulard depuis 1825), finition en fût de bourbon (Boulard), 12 ans d’âge (Lecompte).
Quand le calva devient une expérience ludique... et très intéressante.

À 11 h 45, nous partons sillonner les petites routes du pays d Auge, une belle région de bocage, Véronique en tête 🚘. On traverse le joli village de Beaumont-en-Auge, tout de maisons à colombages construit, avant d’arriver à La Mare au Lièvre à Annebault où nous déjeunons à 12 h 30. Le restaurateur est l’heureux propriétaire d’une Peugeot 403 de 1958 en très bon état, qui appartenait à son arrière-grand-père. Jean-Pierre va essayer de le convaincre d’adhérer au club ! Pendant l’apéro normand, Jean-Pierre présente les présents et déplore l’absence de quatre adhérents : Bruno et Françoise ainsi que Françoise et Jean-Jacques.
Un déjeuner convivial dans ce restaurant traditionnel proche des plages de la Côte fleurie.

Villa

À 14 h 45, nous partons pour Deauville et la visite de la villa Strassburger sur l’avenue éponyme. On s’est garés à côté, sur le parking de l’hippodrome de la Touques. La maison de 1 365 m2 dont 250 m2 de cuisine, a été construite en 1907 par le baron Henri de Rothschild, grand amateur de courses hippiques qui a contribué aux travaux des Curie, sur le terrain d’une ferme de Gustave Flaubert. Elle ne plaisait pas à Madame car elle ne voyait pas la mer. Le fils James n’appréciait pas non plus. Elle fut donc vendu à ce milliardaire américain d’origine bavaroise en 1924. Ralph Beaver Strassburger, magnat de la presse, amoureux des chevaux, l’a aménagée pour y venir une fois l’an en août pour la saison hippique. La toiture d’un poids total de 100 tonnes, les épis de faîtage en céramique, les 2 503 carreaux aux fenêtres... en font une villa à l’architecture néo-normande pittoresque dans un beau parc de 2 ha. La demeure est inscrite aux Monuments historiques en 1975. Peter, le fils, célibataire, sans enfants, donne la Ferme du Coteau à la ville en 1980.
Par trois groupes de 10, la passionnée et intarissable Mme Gruchet nous entraine pour une visite privée et passionnante à l’intérieur. On grimpe les deux étages dans leur jus : salles de réception, chambres, salles de bain dont celle de Monsieur avec sauna en toile... On apprend que Monsieur a créé en 1925 un des haras les plus prestigieux de France, le haras des Monceaux, au-dessus de Lisieux. Il avait, paraît-il, une belle collection de voitures anciennes dont il reste une DeSoto de 1949 au garage. On ne la verra pas. Il aimait aussi parader dans Deauville à l’arrière de sa Cadillac rose bonbon.

17 h 30, c’est l’heure de décaniller pour rejoindre le centre de vacances CCAS à Auberville, non loin de la propriété de Claude Lelouch. On s’installe dans nos gîtes avant un petit apéro dans la grande salle commune. Puis, par une petite route non loin de la mer, nous gagnons en voiture l’auberge La Ferme des Aulnettes à Houlgate. À 19 h, nous nous attablons pour passer un très bon moment dans un cadre agréable. Le patron est dynamique. Heureusement car il nous faut être rentrés au centre à deux kilomètres de là, avant 21 h. Pour mémoire, un couvre-feu est instauré depuis ce soir dans certains départements dont le Calvados fait partie, pour quatre semaines. Cette nuit est aussi celle du passage à l’heure d’hiver. Une heure de plus à dormir... 😴

Dimanche 25 octobre 2020

Hippodrome

Ce matin, un beau ciel bleu et 10 degrés nous réveillent ☀️. Certains prennent le petit déjeuner au centre de vacances, d’autres dans leur gîte. Puis, une demi-heure de route et à partir de 10 h 15, Jean-Luc Bara, entraîneur, nous guide dans l’hippodrome de Deauville-La Touques, et nous explique tout ce qui entoure le déroulement des courses.
Sur l’initiative du duc de Morny, fondateur de Deauville, l’hippodrome est inauguré en août 1864. En 1994, il fut sur la sellette et menacé de fermeture car il était entretenu à l’année pour une utilisation d’un mois, en août. Aujourd’hui, avec sept mois de courses, et 10 000 places (dont 2 000 en tribune), il est sauvé. Il y a trois pistes : deux en gazon de 11 ou 12 cm d’épaisseur (une piste ronde de 2 200 m et une piste droite de 1 600 m) et une en sable fibré de 2 100 m, aménagée en 2003. Elle permet d'organiser des réunions l’hiver, même par -11 °C. 💡Le sens d’entraînement du cheval change un jour sur deux pour qu’il se muscle équitablement des deux côtés. Au centre, trois terrains de polo pour poneys argentins. Une cinquantaine de personnes assure l’entretien, hors chevaux.
Ce champ de 75 ha accueille des pur-sang anglais sélectionnés pour leur aptitude à la vitesse, exclusivement au galop, suivant un calendrier de réunions réparties sur toute l'année. Le pur-sang est le plus vif et le plus athlétique des chevaux de course, et il se révèle très délicat à gérer. Il mange 15 l d’avoine par jour, cependant il est très sensible de l’estomac. Tout ça pour dire qu’il peut être compliqué de l’emmener en voyage pour des meetings à l’étranger. D’ailleurs, on n’emmène pas de chevaux anxieux car ils mettent trop de temps à récupérer du voyage. Ce n’est pas comme le crack Cirrus des Aigles 🐎 qui était insensible aux voyages. Bête de course castrée (40 % du cheptel mâle est castré), il mangeait sa mangeoire ET sa couverture.
Et après ? À 10 ans, les pur-sang sont vétérans (30 ans vaut 100 ans pour un humain). Créée en 2016, l’association « Au-Delà des Pistes » s’occupe de leur reconversion, soutenue par « France Galop », société mère des courses au galop. En France, on compte 7 000 courses par an, 235 hippodromes, 11 niveaux. Les gains varient de 4 000 à 2 millions d’euros selon le niveau. L’Angleterre, l’Irlande, la France et de l’autre côté, l’Australie et le Japon mettent en œuvre des courses de plus haut niveau mondial. À Deauville, 500 chevaux sont entrainés par une vingtaine d’entraineurs, Pour devenir entraîneur, il suffit de faire deux stages d’un an. Il doit tout connaître du comportement des chevaux, leurs faiblesses, leurs forces, et les amener au plus haut niveau de performance. L’instinct est essentiel. Ce métier est dominé par les hommes, même si quelques femmes commencent à se faire connaître dans le milieu.
Les tribunes de l’hippodrome datent de 1912 et n’ont pas changé. L’intérieur a été rénové en 1993. On se délecte à faire le tour des bâtiments de style anglo-normand et à imaginer les jockeys parader dans le rond de présentation ! Nous pénétrons dans le coquet pavillon des balances, chaumière à colombages construite en 1890. Les entraîneurs s’y inscrivent et choisissent leur jockey 15 jours avant la course. Le poids est une notion très importante. Les jockeys doivent peser entre 50 et 60 kg, matériel ultra léger compris (une selle pèse 180 g). Il y a 40 % de filles avec un bonus de 2 kg en matériel. Ils n’ont pas de limite d’âge. Ils gagnent 10 % des gains, sachant que le volume d’affaires de la filière française est de 10 milliards d’euros. Le contrôle dopage des chevaux et des jockeys est très strict.
De l’autre côté de la rue, on passe sur le site des célèbres ventes aux enchères de yearlings (18 mois) qui ont lieu en août et octobre. Les 500 plus beaux sont choisis parmi les 5 000 nominés. Le prix va de 10 000 à 5,7 millions d’euros. Le paiement se fait comptant, charge à l’acquéreur de surveiller les yeux et d’évaluer la respiration du cheval. Un test à l’effort ou test du cornage (dû à un obstacle au passage de l'air) est réalisé sur place : 20 tours de rond de longe.
Une belle occasion de découvrir un monde qui ne nous est pas familier, aussi prestigieux que secret, sous la houlette d’un expert.

À midi, les voitures piaffent de grimper à Mont-Canisy sur les hauteurs de Deauville, pour dominer la côte, et de se rendre au même restaurant qu’hier midi et ainsi terminer ce chouette week-end dans une atmosphère très sympathique.

Un grand merci à la toute jeune délégation de Normandie d'avoir organisé cette sortie automnale dans des conditions difficiles. Les visites étaient très intéressantes et les intervenants de qualité.

🎥 LES PHOTOS SONT ICI !

Catherine Mans
25 octobre 2020