Nous sommes allés voir Blade Runner 2049 au cinéma Saint-Gilles.

C’est un beau film, à l’esthétique léchée, dans une Amérique d’apocalypse polluée. Le réalisateur Denis Villeneuve relève un défi un peu dingue : faire une suite au film culte de Ridley Scott de 1982. Et la magie agit comme par miracle.

Déjà, le titre n’est pas traduit, ce qui est plutôt rare. Faute de trouver les bons mots, sans doute... On pense inévitablement au premier opus, mais nous y sommes allés vierges sans le revoir bien qu’il soit passé sur Arte il y a peu.
Bladerunner
Nous en ressortons imprégnés de l’atmosphère, des décors, des lumières (ou du manque de lumière) et de la musique. Celle-ci envahit à merveille l’espace. Les morceaux font la part belle aux percussions et aux profondes secousses sonores, ils servent à amplifier les séquences importantes et je dirais même plus : ça stresse ! Les plans et les images sont très soignés, c'est tout simplement bluffant.Tout est contraste. Contraste entre les décors extérieurs laiteux, froids et désertiques, presque brouillons, et l’univers intérieur coloré, cadré au millimètre, qui évoque le papier glacé ; chaque lieu y a une couleur, bien vu ! J’ai pensé à la mélancolie des tableaux d’Edward Hopper...

L’histoire est une enquête, une quête d'humanité. Cependant certaines questions sont volontairement laissées en suspens, ce qui peut donner lieu à de multiples interprétations et peut-être à une suite.

Le héros, K, est un « réplicant », androïde très perfectionné fabriqué par la Wallace. Son métier, c’est Blade Runner, il traque et tue les réplicants rebelles évadés des colonies où ils sont parqués. Lors d'une mission, K découvre une caisse enterrée au pied d'un arbre mort et contenant le squelette d’une réplicante, Rachel, morte en accouchant. Événement unique, miracle même, puisque les réplicantes sont stériles. Quelle pétaudière, si ça se savait ! Cette révélation l'emmène sur une enquête qui consiste à chercher l’enfant.

Lui qui se croyait fabriqué va peu à peu oser penser qu’il est né de cette réplicante et de Deckard, Blade Runner number one. Pourquoi ? Il découvre l’existence de jumeaux à l’ADN identique lors de ses recherches. Les réplicants sont dotés de souvenirs implantés par la Wallace. Ces souvenirs sont des pensées bien réelles, mais extirpées à d’autres âmes. De coïncidences en similitudes, K finit par croire que le rappel de son enfance (il cache un petit cheval de bois dans un haut-fourneau) est réellement le sien et qu’il est cet enfant. Sauf que l’enfant secret, c’est une fille, Ana ! K finit par comprendre qu’il n’est qu’un pion - fabriqué à dessein, sans doute - destiné à brouiller les pistes pour protéger cette Ana. Le souvenir, comme tous les autres, c’est celui d’Ana.

K devient Joe lors du voyage quasi initiatique qu’il entreprend. En effet il va jusqu’à se sacrifier, mourir, pour conduire Deckard qu’il a retrouvé et sauvé, auprès de sa fille. Triste fin ! Mais il faut sans doute cela pour comprendre l’humanité d’un robot. C'est un film qui offre une vision du monde profondément humaniste, montrant qu'on peut aller au-delà de sa condition originelle.

Et que dire des acteurs ? Impénétrable, Ryan Gosling est taillé sur mesure pour ce rôle. Une mention spéciale aux femmes et surtout à Ana de Armas qui tient le rôle de Joi, l’hologramme domestique en mal d'amour de K, qui s’humanise aussi, à même que K devient humain.
Et pour ne rien gâcher, tout finit sur le petit sourire d’Harrison Ford !

Pornic, mardi 24 octobre 2017