C’est le 12 août 2018, c’est la champêtre d’Auto-Rétro Pornic organisée par Alain, Michèle et Tony.
Douze anciennes au départ.

Nous nous retrouvons à 8 h 15 sur le parking de l’Intermarché de Pornic. Le temps est... variable, pluie prévue pour ce soir. Après la canicule, c’est un peu frustrant. Comme d’habitude, distribution des plaques aux pilotes, remise des road-books aux copilotes, rappel des consignes de sécurité.

Bernard et Françoise, Bernadette et Philippe se font attendre. Tony nous briefe et hop, tout le monde étant finalement arrivé, nous voilà partis à 8 h 45. Tony devant, Alain derrière. Deux équipages sont portés manquants, Dominique et Eve, Jean-Pierre et Monique, ils nous rejoindront au premier arrêt au Pellerin cat ils habitent non loin de là.

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Acte 1 : le canal maritime de la Basse Loire

On prend la route de Nantes jusqu’à Chaumes-en-Retz où nous bifurquons pour traverser la campagne et de petits hameaux isolés. On traverse Rouans et à 9 h 30, nous nous garons au bord du canal maritime sur le site de la Martinière au Pellerin, d’abord pour une pause-café et ensuite la visite de la machinerie. Malheur... pas de tête, pas de café... mais puisque champêtre il y a, le papier hygiénique, lui, n’a pas été oublié 😜
A 9 h 55, Jean-Marie, président de l’association culturelle du canal maritime de la Basse Loire (ACCAM), créée en 1987 suite à l’achat du canal par l’Union des syndicats des marais du Sud Loire en 1958 (pour la régulation hydraulique du pays de Retz), nous accueille grimpé sur une chaise. Accompagné de Bruno, vice-président, il nous fait visiter « l’ensemble mécanique et hydraulique des manœuvres de l’écluse de la Martinière ». C’est l’association qui remet en état le patrimoine et le fait découvrir au public.

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Nous commençons par regarder un petit film qui nous conte l’histoire de cette ligne d’eau de 15 km, 55 m de large avec un tirant d’eau de 6 m, qui a remplacé un temps le bras sud de la Loire. Ses dimensions rivalisaient avec celles du canal de Suez.
Le golfe du Tenu, au sud de l’estuaire de la Loire, a été endigué par les moines cisterciens de l’abbaye de Buzay de 1135 à 1791. Jean-Pierre m’a gentiment envoyé un document sur l’Abbaye de Buzay pour vous 🎁
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un ingénieur ingénieux propose la création d'un canal parallèle à la Loire pour faciliter la navigation dans l’estuaire encombré d’îles et de bancs de sable, et ainsi re-dynamiser le port de Nantes. En 1879, ce canal latéral est déclaré d’utilité publique. La construction commence en 1882. Il est ouvert à la navigation des grands bateaux (120 m de long, 18 m de large) en septembre 1892, le port de Nantes est sauvé ! Le canal est fermé en 1913 car le progrès technologique permet alors de draguer le chenal naturel de la Loire, et de 1921 à 1927, il devient le cimetière des bateaux nantais. La batellerie y circule jusqu’en 1943.
Le canal connaît l’occupation allemande et entre 1957 et 1967, les Américains stockent du matériel de l’Otan dans le bassin de la Martinière.
Il sert aujourd’hui à réguler l'écoulement des eaux en jouant un rôle de réservoir pour les marais du pays de Retz. Quand la marée monte, les vannes aménagées dans les années 60, sont ouvertes, l’eau gonfle l’Acheneau et le Tenu jusqu’à approvisionner la baie de Bourgneuf grâce au canal d’Amenée. En hiver, c’est le contraire, les marais sont exondés grâce au canal.

Ensuite, nous pénétrons dans la machinerie. C’est une des trois écluses présentes sur le canal, les deux autres se trouvant au Carnet et aux Champs-Neufs. Accrochez-vous, ça devient tecchhnique... Les machines rutilantes que nous avons sous les yeux, utilisaient l’énergie de l’eau sous pression. En bref, l’écluse était actionnée par un système de pompes mues par une machine à vapeur perdue qui fonctionnait grâce à des chaudières à charbon.

« L’eau sous pression apportée par une conduite souterraine, fait fonctionner des moteurs à trois cylindres qui actionnent des tambours sur lesquels s’enroulent les chaînes qui permettent l’ouverture des lourdes portes, chacune pesant 40 tonnes, leur fermeture se faisait en 90 secondes. Des chaudières fournissent la vapeur nécessaire à la marche d’une machine alternative, attelée à deux pompes d’eau. Cette eau est envoyée dans un accumulateur constitué d’un piston lourdement lesté coulissant dans un cylindre vertical. »

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On passe dans la chaufferie, puis à l’exposition qui retrace les différentes périodes de la vie du canal maritime. Comme on l’a vu, le canal rassemble un riche patrimoine industriel issu de l'exploitation maritime passée auquel s'ajoute un remarquable environnement naturel. Aujourd’hui le canal est un paradis pour la pêche et l’observation des oiseaux avec, par exemple, la réserve du Massereau.

A 11 h 20, un peu en retard sur le timing, nous reprenons nos autos pour gagner l’autre canal. Après que nous avons longé le premier canal, Vue nous voit passer. Avant Paimboeuf, on tourne à gauche en direction de Pornic et nous empruntons de jolies routes boisées et bucoliques. A la Sicaudais, Dominique doit changer une bougie de la 4CV, ça ratatouille. Alain reste avec eux. Ils nous rejoignent rapidement.

Acte 2 : le canal de Haute Perche

A 12 h 20, arrivés au Clion-sur-Mer, nous nous engageons sur une piste caillouteuse. On se gare au bout du chemin dans une prairie, deux ânes et des moutons dans leur enclos surveillent les voitures. Le canal de Haute Perche est en contrebas et nous emportons notre matériel de pique-nique sur la berge verdoyante et aménagée... sous un ciel menaçant. Quelques gouttes ne nous effraient pas. Une table en bois habillée d’une nappe en papier sert de buffet bien garni par toutes les bonnes volontés du club. Jean-Pierre et Monique offrent les bulles pour leurs 9 ans dans la région (aujourd’hui), leurs 44 ans de mariage, les 69 ans de Jean-Pierre (hier) et l’anniversaire de Monique (restons discrets!) samedi. Les joyeux convives ont déballé leurs tables et chaises de camping, et se régalent.

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Vers 15 heures, destination pêche ! Florence dite Mélusine et Michèle conduisent un groupe à la pêcherie fluviale pendant qu’un second groupe s’essaie au kayak (et pas au canoë, ne pas confondre...) sous la houlette de Florent. Je suis du groupe des pêcheurs, alors c’est parti ! Florence, guide de l'office de tourisme, nous installe sur un banc au bord de la rivière de Haute Perche, face au rocher de Sainte-Hélène sur l’autre rive, et nous parle de l'histoire du canal. Nous sommes à deux encablures de la ria et pourtant la plupart d’entre nous ne connaissent pas cet endroit idéal pour la promenade.
A l’aube de notre ère, Bouin était une île. Depuis le XVIe siècle, la baie de Bourgneuf a perdu un tiers de sa surface par l'envasement du fond de la baie et la naissance du marais breton. Plus près d’ici, vous savez que la petite rivière de Haute Perche se jette dans le vieux port de Pornic par une écluse située sur le pont du 8 mai 1945, au fond de la ria, pont qui a remplacé l’ancienne chaussée des moulins à marée, construite au XIIe siècle. Le dernier moulin était à l’emplacement actuel du café du Port. En 1130, l'exploitation des moulins est dévolue aux templiers qui en tirent une rente perpétuelle. Le tout est détruit en 1855 avec l’arrivée de la mode des « bains de mer ». Côté Temple, des pèlerins très nombreux vénéraient, dans la templerie de Saint-Père-en-Retz, une relique précieuse : un fragment de la Vraie Croix apporté de Terre sainte par les templiers. Ils passaient la Loire en trois endroits : au Pellerin (une petite faute d’orthographe...), au Migron et au pont de Pirmil à Nantes. Pour finir, Pornic qui dépendait de l’abbaye de Sainte-Marie a pris son indépendance en 1554 et le port s'est développé grâce à la pêche morutière au large de Terre-Neuve.
Tiens, des kayakeurs ! Ils rament en cœur... Veuillez m’excuser pour cette interruption momentanée du récit…

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Ce canal, c’est surtout l’histoire avortée du projet d’un marquis, qui voulait faire de Pornic l’avant-port de Nantes par la réalisation d’un canal assurant une liaison directe ! En 1786, le marquis de Brie-Serrant projette d’utiliser la rivière pour creuser un canal à fort tirant d’eau. Nantes n’a pas soutenu le projet car la ville a des intérêts dans ses avant-ports existants : Paimboeuf, le village du Port, Saint-Nazaire.

Nous repartons pour la pêcherie pédagogique restaurée pour préserver la mémoire du lieu, à l’instigation du conseil des Sages de Pornic qui rassemble d’anciens élus du conseil municipal. Michèle, membre du conseil, prend le relais. Le point de départ est la création de l’atelier « patrimoine fluvial » en 2008. A l’origine, il y avait sept pêcheries. Il en reste cinq, deux ont dû être déposées (il faut conserver les pieux dans l’eau pour pouvoir reconstruire). On a donc une rive municipale avec trois pêcheries et une rive privée. Septembre 2014 voit l’inauguration de la pêcherie pédagogique. Le cahier des charges de la loi sur l’eau est suivi : bois naturel, toit simple pente, le carrelet ne doit pas dépasser trop sur l’eau... Un permis de pêche est obligatoire. La pêcherie est ouverte à tous, et des visites sont organisées grâce aux partenariats mis en place avec les journées du patrimoine, l’office du tourisme, le service jeunesse, sports et associations (JSA), Territoires imaginaires... La restauration a coûté 7 000 euros et a été effectuée grâce à Inseretz, association pour l’insertion de personnes en recherche d’emploi.
Maintenant, place à la pêche ! Petit moment de solitude. Les enlarmes retiennent le carrelet dont la sangle est pour le moment, coincée sur le côté de la poulie. Gérard parvient à démêler le schmilblick, mais trop tard, nous n’avons plus le temps de pêcher. Pourtant Michèle a préparé l’appât. On est vraiment sympa, l’autre groupe pourra pêcher... deux poissons !

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Nous rentrons. Ferons-nous du c... kayak ? Aux dernières nouvelles, le groupe pêche n’est pas chaud, d’autant que nous croisons le groupe kayak qui s’est changé car mouillés 😫 La réponse unanime est : non. On dit ça à Florent et les z’hommes lui prêtent mains fortes pour remballer et remonter les engins flottants dans sa remorque. Et la pente est raide ! On range tout car le ciel gris va bientôt nous tomber sur la tête. Ça ne rate pas, justement l’autre groupe revient. On se quitte vite sous des trombes d’eau, pas d'pot !
Nous sommes trempés, mais ravis de notre escapade d'un canal à l'autre.

Photos et vidéos sur le site du club... et ici !