Dix-huit voitures prêtes à dégommer ; Éric et Nadine sans la MG récalcitrante au moment de partir ; Jean-Noël sans Christine, nounou d’un dimanche ; Alain sans Martine qui nous rejoindra à midi ainsi que Luc et Véronique. Tel est le cortège de cette escapade du 13 juin 2021, inventée par Michel et Dominique, qui va nous faire découvrir les oeuvres permanentes installées au fil de l’eau, de Nantes à Saint-Nazaire : le Parcours Estuaire. L’occasion de redécouvrir les bords de Loire avec ludisme. En prime, Gérard a préparé un quiz facile sur les voitures des années 60 pour agrémenter la virée.

Partons sans plus attendre ! La Porsche de Michel et la 4 CV de Dominique encadrent le cortège. Une journée d’été avant l’heure s’annonce. On va cuire... ☀️

Barre à tribord au pied du pont de Saint-Nazaire. Rive droite, nous voici ! Nous traversons la zone portuaire jusqu’à Montoir-de-Bretagne. Aussi étonnés que nous, les terminaux gaziers, pétroliers et charbonniers nous laissent passer. Les grues, les plates-formes, les silos... prennent un aspect moins futuriste sous le soleil. On se la joue quand même façon Blade Runner !

À 9 h 30, on traverse Quartier d’Assac. Puis nous bifurquons pour retrouver une route étroite dans la campagne verdoyante, juste derrière les infrastructures XXL de Donges. Étrange !

À 9 h 45, la Maison du Port nous invite à une halte-café d’une demi-heure sur le port de Lavau-sur-Loire, enfin ce qui reste d’un port qui fut autrefois important. À l’intérieur de cette fameuse crêperie, on trouve une librairie, assortiment de livres d'occasion à consulter ou à acheter. En tout cas, ça discute sec sur la terrasse !

Lavau

Nous repartons parcourir l’estuaire. À Cordemais, on stationne près de la Villa Cheminée de l’artiste japonais, Tatzu Nishi, une des œuvres à ciel ouvert du Parcours Estuaire. C’est la reproduction intimiste d’une gigantesque cheminée de la centrale thermique, couronnée d’un petit pavillon avec son jardinet, typique du coin. Il fait office de gîte et les locataires doivent y jouir d’un point de vue imprenable sur la Loire.

Nous suivons le fil de l’eau. On stationne au pied de la Tour à Plomb de Couëron, dernière tour de France construite pour la production de plombs de chasse. Elle faisait partie des Fonderies et laminoirs de Couëron dont les bâtiments appartiennent maintenant à la ville... Nous faisons quelques pas pour voir au milieu des branchages et flottant sur la rive en face, la Maison dans la Loire de Jean-Luc Courcoult. Mais... c’est le double immergé de l’auberge de Lavau !

Nous poussons presque jusqu’à Nantes et traversons la Loire en bac à Indre. Il est midi. Rive gauche, nous voilà ! 🍔 Nous sommes pressés d’arriver chez Dominique et Eve, dans la campagne de Port-Saint-Père, pour pique-niquer qui à l’ombre sous les arbres, qui dans la grange. On s’installe, on est bien... Halte reposante s’il en est, cocoonés par nos charmants hôtes, il nous est difficile de repartir. Il est déjà 15 h...

Nous rebroussons chemin vers Bouguenais et parquons les voitures à Port Lavigne où des animaux étranges ont colonisé les arbres. Les sculptures sont en résine noire et prennent l’apparence de silhouettes. Nous contemplons Les Colons de Sarah Sze, une autre œuvre pérenne du Parcours. Bizarrerie du destin, nous y arrivons au même moment qu’une famille venue disperser les cendres du Papy, passionné d’automobiles anciennes, dans la Loire. Ça leur a fait chaud au cœur de croiser les véhicules qu’il aimait, en particulier les Citroën et les Mercos.

Passé Le Pellerin, nous remontons le canal de la Martinière, circuit bucolique de 15 km de la Machinerie au barrage de Buzay. Les nombreux promeneurs sont venus chercher un peu de fraîcheur au bord de l’eau. Au loin, on aperçoit la tour de Buzay, seul vestige d'une abbaye cistercienne du XIIe siècle sur la commune de Rouans. On s’y arrête. Ce qui reste des caves voûtées et fraîches de l’abbaye nous appellent !

Il est temps de prendre la direction du château de Chanteloup à Saint-Michel-Chef-Chef. Vous prenez une demeure hors du temps, un beau parc, des chênes séculaires, un sympathique propriétaire, un journaliste d’Ouest-France motivé et un club rétro bien chaud, vous mélangez et vous obtenez une fin de balade Inattendue.

À 17 h, Bernard Leguiller nous accueille chez lui pour le pot de l’amitié. Les voitures sont bien mises en valeur devant ce charmant petit château ayant connu d'illustres personnages. « Je vous raconterai cela plus tard », nous dit Bernard.
On commence bien sûr par la photo de groupe, tous groupir devant les voitures puis sur le perron.

Journal

Après nous avoir fait entrer dans son antre, Bernard Leguiller nous explique qu’il a dû faire face, le 15 décembre 2011, à un gigantesque incendie provoqué par la foudre, qui a emporté pratiquement tout le bâtiment du XVIIIe siècle... Celui-ci a été restauré à l’identique. Seule la tour du XIXe siècle fut épargnée. On visite, on s’y voit déjà...

Dehors, les tables sont installées à l’ombre des grands chênes, bonne idée par cette chaude journée.
Alain passe aux choses sérieuses : remerciements à nos gentils organisateurs, remerciements à notre hôte d’un soir pour son accueil chaleureux ; présentation des nouveaux, Alexandre et sa belle Traction décapotable, Laurent, Marie et leur rutilante 2 CV.
Evelyne ramasse les quiz : « On vous laisse 5 mn… »

Bernard Leguiller prend le relais avec l’histoire du château. Trois éminents personnages ont fortement marqué le domaine.
⚓️ Au XIXe siècle, Théodore Leray en hérite et vient y séjourner régulièrement. On peut dire qu’il a eu une belle carrière qu’il termine contre-amiral en 1845 après avoir sauvé Athènes de l’invasion des Turcs, puis Alger, puis Tunis. Tout cela se passe bien avant la colonisation. Sa statue, actuellement sur les quais de Pornic, ferait bel effet sur la pelouse du parc, n’est-ce-pas ?
💡 Chanteloup est ensuite racheté par un ingénieur, Hippolyte Lemonier (Napoléon III est aux affaires). On lui doit l’électrification de tous les phares de France dont celui de la Tour Eiffel, et du canal de Suez. Il participe aux expositions universelles de la fin du XIXe siècle.
Il est à l’origine de l’ancêtre de la SNSM, les Hospitaliers Sauveteurs Bretons, grâce au don de son canot pour relier l’ile de Sein et protéger la pointe du Finistère.
Il électrifiera entièrement le château de Chanteloup, une des premières maisons à avoir l’électricité. Il fera don de la Maison d’Enfants « Le Logis » et du premier bateau de la SNSM à Pornic.
🏛 En 1880, Hippolyte rencontre Léon Lenoir, architecte nantais qui a construit le casino de Pornic (aujourd'hui la thalasso) et Clisson. Il lui commande la création d’une tour dans le style élégant des belles villas patriciennes des lacs du Nord de l’Italie.

Séduits, nous restons un bon moment à siroter le Prosecco de Jean-Paul et Michèle - une surprise qu’on aime à l’italienne - tout en goûtant le fraisier du sixième anniversaire du club au son de la trompette de Gilles 🥂🎂🎺. Entre-temps, Gérard annonce les résultats du quiz dépouillé par Eve et Evelyne. Beaucoup d’ex æquo, les trois premiers gagnent un lot (1er : Evelyne et Robert gagnent un magnifique triangle jaune, 2e : Éric et Nadine et 3e : Lucette et Marcel).

On remballe avec regrets vers 19 h. Nous rentrons de cette randonnée, bien contents d’avoir dégourdi les roues de nos voitures et d’avoir pu nous retrouver…

Catherine Mans
13 juin 2021