Vendredi 25 juin 2021

Nos douze carrosses sont attendus à partir de 16 h au Relais de Castelnau***, hôtel situé à l’entrée d'un des plus beaux villages de France, Loubressac dans le Lot. C’est l’organisateur de notre rallye rétromobile. Nous arrivons tous de Pornic ou d’autres horizons, dans les temps et assez tôt pour pouvoir profiter de la piscine à débordement ou nous délasser au soleil☀️. Le panorama offre une vue imprenable sur la vallée de la Dordogne et le château de Castelnau.

Le ratafia de bienvenue et le dîner sont annoncés à 20 h sur la terrasse panoramique. Au menu : salade quercinoise, beau morceau de veau et risotto aux champignons, Saint-Nectaire et fondant au chocolat. Excellent, mais une petite promenade digestive à Loubressac s’impose. On se régale en découvrant les rues et cours fleuries du village. Le décor et la musique d’un orchestre en plein air participent de notre béatitude. Pour la petite histoire, le célèbre film « Quelques messieurs trop tranquilles » de Georges Lautner y fut tourné en 1972.

Samedi 26 juin 2021 : Padirac et les plus beaux villages de France (135 km)

Une belle journée très chaude se profile☀️. Il y a un autre groupe dans l’hôtel. Pour être Covid-safe, l’hôtelier est obligé de faire des roulements et notre club a gagné le droit de petit-déjeuner à 8 h 30 - 8 h 24 1/2 dixit Alain. Les tartines sont vite avalées car à 9 h, le guide nous emmène jusqu’au Gouffre de Padirac (à 8 km) sur le causse du Quercy toujours dans le Lot.

Le gouffre est une cavité naturelle monumentale : 35 m de diamètre pour 75 m de profondeur, 42 km de galeries souterraines. Nous nous rapprochons du centre de la Terre, j’aurais dû compter les marches pour descendre à 103 m de profondeur ! Nous restons sans voix devant les impressionnantes concrétions calcaires, dans des recoins plus surprenants les uns que les autres. Nous nous baladons le long des souterrains, praticables sur un kilomètre seulement. La moitié de la visite s’effectue sur la rivière souterraine à bord d'une barque menée par un batelier. Le plafond culmine à 94 m. Tout est mis en lumière pour magnifier le site. L’eau suinte de partout et le K-Way est bienvenu 💦. Les lieux sont agréablement frais. Toute l’année, l’air est à 13°, l’eau à 12° ; un bon plan quand le cagnard règne dehors comme c’est le cas aujourd’hui... Nous remontons par les ascenseurs.

Il est déjà 11 h 30. Nous sommes à présent seuls, guidés par le road-book que nous a fourni l’hôtel et par Dominique et Eve qui prennent la tête, direction Martel, à une vingtaine de kilomètres. Les moteurs vont avoir chaud, nous aussi ! Nous sillonnons les routes tortueuses du Lot en découvrant des paysages magnifiques à chaque virage. On se perd dans le centre-ville de Martel à cause du marché ; du coup, après avoir parqué nos autos, nous nous baguenaudons par petits groupes.

Voitures reprises, à 13 h, avec une heure de retard sur le programme, nous arrivons à la ferme-auberge du moulin à huile de noix, au lieu-dit Les Landes, à quelques kilomètres de Martel.
Mamie Castagné nous sert les recettes de la famille dans la grande salle de réception : la soupe campagnarde, le pâté et ses pickles de radis, l’agneau au vin et ses pommes paillassons, le petit rocamadour, et pour finir en beauté, le gâteau aux noix (on en garde pour le quatre heures 😉). À la fin du repas, elle prend la parole pour nous parler de l’exploitation agricole. La famille produit des noix depuis six générations. La noyeraie de 44 ha donne 90 tonnes de noix.
La fabrication de l’huile est automatisée. Les noix vertes sont récoltées en septembre, séchées, puis cassées pour détacher la coquille du cerneau. Les cerneaux sont écrasés sous la meule pour en faire une pâte qui est ensuite cuite dans une poêle, chauffée au feu de bois et coquilles. Cette étape permet aux protéines de coaguler et définit le goût de l'huile. Enfin, cette pâte est pressée pour en extraire l'huile. Le résidu de la pâte pressée, appelé tourteau, est utilisé en pâtisserie et alimentation animale. 5 kg de noix donnent 2 kg de cerneaux qui produisent 1 litre d’huile. La cadence est de 25 kg de cerneaux à chaque pression.
Il y a quatre ans, la famille s’est mise à cultiver 3 ha de vigne et vinifie sur place.
Mamie vient de prendre sa retraite. Sa ferme-auberge qui existe depuis 32 ans vient d’être reprise et remise au goût du jour par un de ses fils. Exit le concept de ferme-auberge, vive la cuisine traditionnelle de La Table du Moulin. Son second fils a ouvert un restaurant bistronomique dans Martel, Le petit moulin.
Puis on le visite le moulin, on dévalise la boutique...

Il est grand temps de repartir. La bande se sépare car le programme est très dense. Version courte pour pouvoir profiter de la piscine ou version longue, il faut choisir ! Mais à chaque fois, que des Plus Beaux Villages de France à visiter : Turenne, forteresse blanche en terre corrézienne ; Collonges-la-Rouge, cité flamboyante dans la campagne corrézienne et berceau des Plus Beaux Villages de France (on laisse nos places de parking à des Nantais en sortie comme nous 🤗) ; les tours et clochers de Curemonte, au sud de la Corrèze. Beaulieu-sur-Dordogne, cité médiévale sur la rive droite de la Dordogne, ramène sa fraise en Corrèze (les vêtements collent aux... sièges 🥵, on boit un pot sous les platanes). Et encore, Bretenoux, au pied du château de Castelnau et au bord de la Cère, au nord du Lot ; Autoire, pépite du Quercy.

Les échappés arrivent à 18 h 30 tandis que le gruppetto fait son come-back à 19 h. Le dîner sur la terrasse est avancé à 19 h 30 car les restaurateurs craignent l’orage. Soupe de concombre, cabillaud-purée de carottes, cantal et glace mangue, tel est notre menu. L’attachante Nicole de MeTz fait son show… On discute sur la terrasse jusque vers 23 h et le tonnerre se met à gronder💥.

Dimanche 27 juin 2021 à la découverte du Périgord noir (185 km)

Petit déjeuner à 7 h 30, départ à 8 h 15.
Très gros orage cette nuit : des arbres sur la route et des dégâts à l’hôtel. Les autos sont indemnes. Route mouillée + feuilles + branches = ça glisse ! Il ne pleut pas, mais le ciel est très couvert. La Triumph rouge prend la tête jusqu’au parking du point de vue de Rocamadour, sacrée cité du Lot sur le chemin de Compostelle.

L’équipe se scinde en deux lots. Visite libre or not visite. Il est 9 h. Le groupe de Rocamadour s’éclipse tandis que l’autre clan reprend la route via le profond canyon de l’Alzou pour aller se balader une heure à Souillac, jolie petite ville du Lot au bord de la Dordogne, riche de son abbatiale Sainte-Marie. En chemin, le château de Belcastel domine la vallée du haut de sa falaise à pic. Le beau pont métallique de Pinsac franchit la rivière.

On se retrouve à Sarlat-la-Canéda en Dordogne sous quelques gouttes de pluie éphémères. Difficile de se garer, mais on y arrive tous quoiqu’un peu disséminés. Nous nous baladons jusqu’à tomber sur une exposition à ciel ouvert de Bugatti et autres très belles très anciennes. 🍰 Des très sportives défilent... un bel écrin pour ces beautés ! Les bâtiments en pierres de taille ocres, les toits en lauzes donnent du cachet à la capitale du Périgord noir.
À 13 h, on s’installe à l’étage du Malraux pour déjeuner : melon-jambon, confit de canard avec pommes sarladaises et crème brûlée verveine.
On repart vite fait à 15 h car les Gabares Norbert nous attendent à La Roque-Gageac pour voyager pépère sur la Dordogne.

À 15 h 30, en bateau pour une balade commentée de 6,5 km sur une authentique reproduction de gabare du XVIIIe siècle ! Abel est le capitaine de ce bateau traditionnel de la Dordogne à fond plat, Solène est la guide.
La Dordogne prend sa source au Puy de Sancy à 1 700 m d’altitude (sa source est la réunion de deux ruisseaux la Dore et la Dogne). Le nom de la Dordogne n'est pas un assemblage des deux noms, eh non ! Il vient de l'ancien mot Durānius (torrent, ruisseau) qui a évolué en Dordonia. Longue de 500 km, la rivière conflue avec la Garonne au bec d’Ambès pour former l'estuaire de la Gironde.
Dominant le village, le fort troglodytique construit au XIIe siècle, il fait partie de ce qui fut autrefois un système défensif très élaboré ; l’église du XIIIe siècle recouverte de lauzes ; le manoir de la famille Tarde, amie de Galilée 🌍 ; la résidence des évêques de Sarlat durant la guerre de Cent Ans.
Avec 1,5 million de visiteurs, ce village de pêcheurs et gabariers est le plus visité après le Mont-Saint-Michel et Rocamadour.
De nombreux chênes noirs bordent la rivière, d'ailleurs ils sont à l’origine du nom de Périgord noir. Notre gabarière nous raconte les 39 espèces de poissons sédentaires et migrateurs tels que saumon sauvage, lamproie, esturgeon ; les rapaces (on peut observer des milans noirs sur les arbres) ; la batellerie... Jusqu’à la fin du XIXe siècle, 400 gabares assuraient le transport de marchandises (principalement du vin). Elles naviguaient dans la moyenne vallée de Souillac à Castillon-la-Bataille et remontaient la Dordogne à col d’homme (17 à 21 km tous les jours). Histoire passionnante, où l'on apprend que certains bateaux étaient construits à usage unique. Il était trop coûteux de leur faire remonter le cours du fleuve après la livraison des marchandises, et plus rentable de les transformer en bois de chauffage.
Au fil de l’eau, nous nous gavons de très belles vues sur les monuments de cette partie de la vallée des 1 001 châteaux. D’abord, dans une boucle, le château de la Malartrie, hôpital pour lépreux au XIIe siècle. En plein cœur de la guerre de Cent Ans, la rivière était la frontière entre le royaume de France et les terres anglaises au sud. Pour défendre cette ligne, de nombreux châteaux et places fortes furent érigées comme le château de Castelnaud. Sur l’autre rive, Beynac, l’ennemi. Le bateau fait demi-tour. Plus loin, le château de Marqueyssac et ses jardins suspendus à l’italienne conçus par un élève de Le Nôtre (150 000 buis).
Séquence catastrophe... Le 17 janvier 1957, un pan de la falaise s'éboule sur le village, détruisant six maisons et une grange, coupant la route et terminant sa course dans la Dordogne. Trois morts. Le village est fermé pendant deux ans. En 2010, rebelote ! Une partie du plafond du fort troglodytique s'effondre. Il faudra cinq ans pour nettoyer le site et consolider la voute avec des piliers en béton.

Ouf ! Il n'a pas été nécessaire, pour revenir à l'embarcadère, de tirer le bateau depuis le chemin de halage comme cela se faisait il y a 150 ans. Nous passons une petite demi-heure à musarder dans le petit Nice du Périgord ou à grimper jusqu’au jardin exotique dû au micro-climat ambiant (chaleur emmagasinée par la falaise en plein sud et humidité dégagée par la rivière). À 17 h 10, nous prenons la route du retour en passant par Beynac-et-Cazenac et son château où on s’arrête un quart d’heure pour monter au panorama sur la Dordogne et le château des Milandes, Village du Monde des Enfants de Joséphine Baker. Puis on rentre fissa à l’hôtel pour l’apéro du club prévu à 19 h (80 km - 1 heure 30). Allez ! on dit 19 h 30. Discours du président, photo de groupe et apéro au ratafia sur la terrasse. Dîner de gala à l’intérieur. Un menu périgourdin nous est proposé : foie gras, magret de canard aux airelles et ses petits légumes, fromage de chèvre et omelette norvégienne flambée sur place. On est foutus... on mange trop ! C’est noir, les nuages bas ne savent pas s’ils doivent rester ou passer leur chemin. Quelques éclairs et la TV disjoncte. Dommage, y’a un match de foot !

Lundi 28 juin 2021

C’est le départ groupé à 9 h sauf la Spitfire bleue qui remonte Frédérique et Pierre en deux jours. Le trajet est sans histoires, avec quelques épisodes pluvieux à l’arrivée. Nous retrouvons notre lot quotidien d’embruns.
Ce séjour entre Lot, Dordogne et Corrèze a été une rencontre avec une des plus belles régions de France... Nous avons parcouru la magique vallée de la Dordogne et ses trésors : Une nature préservée
Des falaises impressionnantes
De fiers châteaux
Une riche histoire
Des villages authentiques : Collonges, Sarlat, Rocamadour, La Roque-Gageac et tant d'autres
Une excellence gastronomique : ici on presse la noix, on fabrique le foie gras et le confit, on ramasse cèpes et châtaignes, on guette la truffe...
Mais nous avons aussi vécu de jolis moments de partage. Même les autos ont joué le jeu et ne sont pas tombées en panne.

Le Quercy, c’est la vie. Le Périgord, on l’adore. Le Limousin, ou rien !
On remet ça quand ?

Catherine Mans
28 juin 2021

* Voyage en Italie by Lilicub