C’est le 22 juillet 2018, c’est l’été, c’est donc le moment opportun pour l’estivale d’Auto-Rétro Pornic organisée par Gérard et Robert. Douze belles anciennes se faufileront dans les étiers du marais breton.

Cette sortie a lieu en même temps que le spectacle des Ailes bleues de la patrouille de France à Pornic. Le programme a été organisé en tenant compte de cette contrainte. La visite de l’après-midi est libre. Elle commence à 14 heures, chacun pourra l’interrompre quand il voudra pour être à l’heure à Pornic et regarder évoluer les avions.

Au programme : patrimoine naturel et culturel du pays de Retz ; déjeuner au port chinois ; immersion au cœur du Marais breton-vendéen ; pot de l'amitié et puis quelques surprises.



Les participants se retrouvent à partir de 8 h 30 sur le parking du Leclerc de Pornic. Il faut quand même dire que nous sommes arrivés en ébullition car la batterie de la Mercedes n’a pas été coopérative, elle a essayé de refuser de démarrer la voiture... C’était sans compter sur le concours de la BMW qui l’a aidée à reprendre ses esprits. Bref, comme d’habitude, distribution des plaques aux pilotes, remise des road-books aux copilotes, rappel des consignes de sécurité. Tony nous briefe : « c’est la première fois que le CA n’a rien fait ». Robert nous avise que comme dans tout travail d’équipe : « compliments à Robert, réclamations à Gérard » et hop, tout le monde étant à l’heure, nous voilà partis à 9 heures. Le Baron de Retz prend la tête du cortège pour nous conduire en son fief et la Mercedes rouge fait office de voiture balai avec son gyrophare. Isabelle et Jean-Pierre sans ancienne pour un temps, voyagent avec Martine et Alain.

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Acte 1 : la baronnie de Rais

Le soleil est là, et bien là. Nous traversons le bourg de Sainte-Marie ; Pornic et ses ports ; la Bernerie-en-Retz, cité de bord de mer ; les Moutiers-en-Retz, village entre terre et mer. On bifurque à droite pour s’engager dans le marais de Lyarne qui offre une grande diversité de milieux naturels : anciennes salines, fossés en eau, étiers, prairies pâturées par des chevaux, dunes, pêcheries typiques, roselières saumâtres.

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A 9 h 35, une toute petite pause café au port du Collet, le dernier port breton au fond de la baie de Bourgneuf, nous arrête. Nous sommes à deux pas du musée du pays de Retz à Bourgneuf-en-Retz où nous arrivons à 10 heures.

Un bénévole de l’association des amis du pays de Retz (pour la sauvegarde et promotion du patrimoine naturel et culturel du pays de Retz) ouvre le musée pour nous. Dans le jardin, il nous présente son musée et retrace brièvement l’histoire de la région.
Les arts et traditions populaires de ce territoire de Bretagne historique sont conservés dans ce musée qui existe depuis plus de 50 ans derrière son vieux porche daté de 1773. Avant cela, depuis 1851, c’était une école maternelle, une « salle d’asile ».
Il y a 2 000 ans, la mer est à Machecoul puis la région s’envase avec les alluvions de la Loire (en 2 000 ans, la mer a perdu 15 km). Au Moyen Âge, Bourgneuf est la capitale européenne du sel, indispensable pour conserver les aliments. La mer est le vecteur principal de son transport pour commercer principalement avec les Anglais et les Allemands. Au XIe siècle, le port de Bourgneuf est créé, les navires y viennent à quai pour charger « l’or blanc ». Du XIIe au XVIe, l’importance du lieu s’accroît lui assurant une prospérité et une notoriété internationale, et cela attire les bourgeois. Pourtant le remblaiement continue, d’autres sources de sel supplantent celle de Retz et puis la Révolution n’arrange rien. Au XIXe siècle, Bourgneuf n’est plus qu’un chef-lieu de canton de campagne.
On passe à l’intérieur où on retrouve les métiers d’antan oubliés et des scènes de vie avec des mannequins habillés en costumes d'époque. Bref, la vie d’autrefois : celle des artisans, des paysans, des sauniers et des marins... Nous nous amusons en essayant des casques et chapeaux portés à l’époque de grands personnages !

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Avant de partir, Tony s’amuse à nous montrer un jeu de cartes régional, l’Aluette, aux enseignes espagnoles, qu’il compare à la scopa, jeu de cartes populaire italien.

A 11 heures, après les mots de remerciement à notre hôte - mérités -, on repart. Celui-ci nous a d’ailleurs informés d’une exposition temporaire qui aura lieu en octobre : « Des coques en bois aux géants des mers ».
A 11 h 15, nous passons la frontière de Vendée.
A 11 h 30, on s’octroie un arrêt de dix minutes au port des Brochets de Bouin, moins visité que les autres ports ostréicoles en baie de Bourgneuf. Un décor méconnu mais qui, sur la route de Noirmoutier, vaut le détour.

Puis nous déambulons à nouveau dans la zone humide avec les éoliennes en toile de fond, mais on ne s’y arrête pas. Nous sommes attendus au restaurant à midi, et il est midi...

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Le Mord’eau*, sur le port du Bec ou « port chinois » à Bouin, nous accueille sur sa terrasse au son de l’accordéon, ce n’est pas celui de Gilles, dommage ! Les clients en ont fini avec la tranquillité !
Au menu, moules à l’époyenne. Fameux ! Mais kesako ? Les moules sont cuites en papillotes sur un lit d'aiguilles de pin dans un four spécialement conçu, le tout donnant une saveur particulière. Entre la poire et le fromage, nous nous payons même le luxe de danser un rock endiablé interprété brillamment par l’accordéoniste de service, Mickaël Dayot.
😉 Bravo Robert pour ce moment convivial 👍

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*Mord’eau, patois de « morte eau », période où les coefficients de marée sont trop bas pour que les pêcheurs puissent aller en mer.

Acte 2 : le marais breton

Après déjeuner, à 14 heures, on décanille et on se suit jusqu'à l’écomusée du Daviaud, tout à côté. Passage par Beauvoir-sur-Mer, l’héliport de l’île d’Yeu, pour s’arrêter à la Barre-de-Monts. Nous sommes tous garés à 14 h 20, prêts à nous immerger dans le marais vendéen qui s'étend sous nos yeux, calme et paisible, ponctué de quelques habitations traditionnelles. La chaleur ambiante nous ralentit, mais c'est avec un outil de bois semblable à une manivelle que Gérard de Préfailles et Jean-Paul s’essayent quand même à la réalisation de « trolles » - cordes très solides faites avec du foin -, que Mathilde leur apprend à tresser. A côté, la ferme du marais salé abrite un petit musée climatisé, le bonheur ! Ensuite, nous poussons jusqu’à la bourrine à Louise. On aurait presque envie de prendre une « yole » pour partir sur l’eau et se rafraîchir. Mais c’est sans compter sur l’animation de fabrication du beurre, retour à la ferme. Robert s’y colle, c’est ludique, facile et bluffant ! Crème crue, eau, battre 20 mn environ (5 mn pour Robert en plein cagnard comme aujourd’hui) pour épaissir et obtenir une pâte jaune. Mathilde élimine le babeurre, rince à l’eau froide, ajoute de la fleur de sel et hop, on a du bon beurre maison que tout le monde goûte sur du pain. Ma foi, c’est à retenir pour les jours de disette, encore faut-il avoir de la crème crue au garde-manger 😜

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Nous retournons devant la « bourrine » de Louise Billon qu’elle a construite en 1900. Et là, Candice nous aide malicieusement à construire notre bourrine « qui n’est pas une personne lourde, j’ai eu d’autres visiteurs avant vous ! », mais une construction entre maison et ferme. Celle-ci est bâtie en terre et couverte en roseaux séchés et attachés entre eux, elle témoigne de l’utilisation optimale des matériaux disponibles sur place. Les murs sont levés en « bigôts » - briques - et blanchis avec de la chaux. C’est un mélange d’argile, de sable et de débris de roseaux. Ces murs sont toujours bas et orientés de façon à s’adapter au vent toujours présent. Le sol est astucieusement gratté a l’intérieur pour agrandir l’espace sans modifier la résistance au vent.
La charpente en bois et la couverture en chaume révèlent l’adresse des maraîchins les plus modestes. Le roseau utilisé pour la toiture végétale est le Scirpe maritime qui pousse exclusivement en marais salé (au nord du marais breton) par opposition au marais doux où on trouve le roseau à massette (bien connu par sa fleur en boudin noir) et le grand roseau phragmite (qui se termine par un plumeau). Des « garlates » horizontales en bois maintiennent les roseaux du toit au faîte d’argile.
Côté administration, dès qu’un « foyer » était créé sur un terrain dans la nuit, les occupants le faisaient constater par un officier municipal dès le lendemain et ils pouvaient ainsi commencer à construire leur bourrine dont ils n’étaient pourtant, pas propriétaires.
La bourrine est constituée de trois pièces. La première pièce où nous pénétrons a une seule fenêtre (les murs sont chaulés pour éclaircir), c’est la pièce de la famille qu'il fallait donc se partager à plusieurs. Quasi un studio avec lits à quenouilles pour s’éloigner de l’humidité, salle de bain, cuisine et table et autres meubles. L’intérêt est qu’il n’y avait qu’un seul endroit à chauffer aux « bousats ». Durant l’été, les bouses des vaches étaient séchées au soleil pour en faire des bûches naturelles sans bois : « ça ne sent pas, mais ça brûle ». La deuxième pièce est celle des animaux ; la troisième, la boulangerie. Les toilettes sont, elles, à l’extérieur…
« Ça se passe comme ça à Kaamelott ! »

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A 16 h 30, le pot de l’amitié sur le site même et sous des parasols finit cette journée authentique et poétique. Tony félicite Gérard et Robert pour cette escapade réussie, on les ovationne. Le temps passe vite en bonne compagnie, il est déjà 17 h 30. Toute la troupe revient gentiment de son voyage dans le temps et d’un territoire à forte personnalité.

Il fait beau voir que le charme de cette balade a été de rendre le passé vivant...



Photos sur le site du club... et ICI !