Organisatrices

Pornic, le 19 juillet 2020. Evelyne, Martine et Nicole ont préparé l’estivale d’Auto-Rétro Pornic. Cette sortie reprend intégralement le programme du dégommage d’avril annulé à cause de la Covid 🦠. Nous nous retrouvons à 8 h sur le parking du Crescendo de Pornic. Huit voitures. Dix-sept participants. Pas de bisous 😷 mais, comme d’habitude, distribution des plaques aux pilotes et remise des road-books aux copilotes. Au programme : une bourrine, une ferme et un moulin, le tout au cœur du pays maraîchin. Un quiz va agrémenter notre randonnée. Serons-nous incollables sur le Marais breton vendéen ?

Tout le monde étant à l’heure, à 8 h 15, direction le sud et la Vendée. Evelyne et Robert devant, Nicole et Pierre au milieu, et Alain et Martine à l’arrière, prêts à remettre les égarés sur le droit chemin.

Acte 1 : Rosalie, Rosalie, oh

Le soleil est déjà bien présent sur la route Bleue☀️et présage une belle et chaude journée d’été, comme on les apprécie. À Bouin, on bifurque à gauche vers Saint-Gervais au cœur du Marais breton avec les champs et leurs nombreuses meules de foin éparses, les chevaux, les canaux ou étiers bordés de glajous, les iris jaunes du marais, et les éoliennes en toile de fond...

À Saint-Gervais, nous virons à droite vers Beauvoir-sur-Mer. On traverse Saint-Urbain et 2 km plus loin, à 9 h 10, on accède à la Bourrine à Rosalie. Elle est nichée dans un lieu calme et verdoyant, entouré de canaux et de peupliers qui la protègent du vent. Elle porte le nom de la dernière habitante qui y a vécu jusqu'en 1971.

Un petit café nous attend derrière la maison dans un coin charmant et bucolique. Dominique Braud, voisin et petit-fils de cœur de Rosalie, est propriétaire des lieux depuis cinq ans. Ce sera notre guide bienveillant dans cette habitation traditionnelle du marais à 9 km de la mer.

D’abord, quelques mots sur la bourrine devant laquelle nous nous installons. La toiture est couverte de roseaux. Elle est peu pentue pour que les vents de mer puissent glisser sur le faîtage et dure 20 ans. Sa remise en état coûte 103 € le m2. La bourrine n’a pas de fondations, les murs en torchis revêtus de chaux sont larges. Dominique nous raconte surtout la vie très simple de Rosalie qui est née en 1898. Enfant, elle et ses trois frères dormaient sur du foin. Elle n’a pas eu d’enfants. Ses frères partis, Rosalie a vécu seule au rythme des journées sans utiliser l’électricité que la commune lui avait pourtant fournie. Elle se lavait une fois l’an dans l’eau du canal. Bonjour l’odeur 🤢 ! Toute l’année et à chaque repas, elle mangeait du pain souvent ramolli à l’eau du canal, et des patates à l’eau cuites aux bouses de vaches (« bousats »). Les herbes coincées dans les galettes parfumaient les patates, parait-il ! Elle vivait plus que chichement de la vente de ses canards, d’heures de ménage et de travaux de couture, toujours souriante malgré sa vie d’ascète, âpre et difficile. On a du mal à se l’imaginer ! Elle n’avait rien, et ne voulait rien pour ne pas avoir à donner en retour. Elle est décédée à l’hôpital. Sa santé a décliné suite à une griffure de son chat qui s’est infectée. Lavée, bien nourrie, loin de chez elle, la vieille dame n’a pas supporté le changement. Elle est enterrée à Sallertaine à 5 km de là.

Tiens justement, la fleur de lys blanc de la madone macéré dans l’alcool est un excellent anti-inflammatoire. Enfermés dans une toile d’araignée, les pétales composent même un remède efficace contre furoncles and co. On apprend aussi que le maraîchinage a été interdit en 1882 à Saint-Jean-de-Monts. Dans ce flirt avec échange de longs baisers passionnés, coutume olé olé de l’époque, les jeunes gens cachaient leurs amours derrière de grands parapluies noirs ou bleus☂️

Covid oblige, on fait deux groupes pour visiter la bourrine. Deux petites pièces sombres, mais tempérées. À l'intérieur, de beaux meubles en cerisier, d’humbles ustensiles de cuisine, des photos... témoignent du mode de vie des maraîchins il n’y a pas si longtemps. Les lits disposés de chaque côté de l'âtre sont surélevés pour parer aux inondations. L’hiver, la bourrine et ses alentours sont inondés. Elle est bâtie à 1,10 m au-dessous du niveau de la mer. À cette époque, les écluses des étiers sont fermées et Challans, bâtie un peu en hauteur, déverse ses eaux dans le marais. Une vie de rêve dans un coin charmant ! En tout cas, Dominique a su nous rendre cette Rosalie bien attachante. Je crois que nous avons tous été touchés par cet endroit et son histoire, par ce plongeon dans une autre époque où ce qui comptait était simplement d’être et pas d'avoir ! Ça recadre sur l'essentiel !

À midi, Philippe venu sans Bernadette car ils ont marié leur fille vendredi, nous offre un magnum de champagne Canard-Duchêne pour fêter ce bel événement🍾. Nous trinquons à la santé des jeunes mariés dans le jardin.

Bourrine1

Bourrine3

Rosalie

Bourrine2

Bourrine4

Acte 2 : Rosalie, Rosalie, ah

Ensuite, on reprend des voitures... brûlantes 🥵. On aurait plutôt envie de prendre une « yole » pour partir sur l’eau et se rafraîchir. Nous arrivons à Beauvoir-sur-Mer par de petites routes champêtres. Sur la route du Gois, une voie sans issue nous emmène à la ferme-auberge bio des Sartières tenue par Céline et François Joly. Céline nous accueille dans sa chaleureuse et fraîche ❄️ salle à manger aux pierres apparentes, meublée d’antiquités-brocante comme un joli prolongement à la bourrine. L’âme de Rosalie nous accompagne. Céline nous explique que nous allons manger bio et que, pour être 100 % bio, il faut être et ils sont labellisés. Nous déjeunons « comme à la maison » des produits fermiers. Rillettes de pintade, cannettes, pommes de terre, tomme de vache de Sainte-Lumine-de-Coutais et clafoutis de cerises - avec noyaux - régalent nos papilles.

Après le repas, Céline nous embarque pour une visite des alentours où elle et François élèvent en plein air, dans le respect de l’environnement, volailles, vaches maraîchines et porcs blancs tachetés. Ces derniers arrivent à la ferme à l’âge d’un mois et demi et les mâles sont castrés pour éviter les embrouilles 🤗. Nos agriculteurs passionnés sont affiliés à la coopérative des Volailles Bio de l’Ouest qui valorise les productions locales. La filière est engagée avec Biocoop qui propose en magasin les produits fermiers.

Le nom du lieu-dit des Sartières vient de la sarte, une ligneuse qui pousse dans l’eau de mer. Car ici, avant, c’était la mer. La route qui passe devant la ferme est sur l’ancienne digue avec d’un côté les marais salants et les prairies (1 000 ans d’histoire), et de l’autre le polder (400 ans).
Le marais est alimenté en eau de mer grâce à un système de vannes qui permet de contrôler le niveau de l'eau. Elles sont ouvertes aux grandes marées du printemps et refermées à celles de novembre. En hiver, le marais est inactif.

Avant de repartir, nous faisons nos courses de terrines et de poulets à l’épicerie de la ferme. Une épicerie d’antan digne de Rosalie, notre rose à nous qu’on verrait bien roder au comptoir. Elle serait sûrement venue à vélo vendre ses canards.

Ferme

Acte 3 : qu’il tournait, qu’il tournait, qu’il tournait bien

À 16 h 30, on reprend les voitures toujours aussi chaudes 🥵. On retourne à Sallertaine par Beauvoir, Saint-Gervais et Saint-Urbain jusqu’au moulin à vent de Rairé dressé comme un phare sur les rochers. On attend patiemment notre tour car il y a du monde. Nous visitons en deux groupes le seul moulin de France qui tourne sans interruption depuis sa construction en 1555. Le meunier, Richard Billet, nous fait découvrir l’endroit. C’est un passionné, passionnant, qui raconte l’histoire de cette machine fascinante avec humour. Il nous confie être de sang royal anglais... on dit bien : meunier Tudor 🤣. Et j’en passe. Nous passons un excellent moment !

Le moulin produit un quintal de farine à l’heure, ce qui n’est rien quand on parle de 1 200 tonnes pour les grands moulins. Mais il vaut par le patrimoine conservé et le témoignage de l’ingéniosité des bâtisseurs de ce monument historique. Il est dans la famille Barreteau, originaire d’Irlande, depuis 1840.

Le moulin tire son énergie de la puissance du vent qui suit le flux des marées. Suivant le bruit, Richard arrive à connaître la vitesse du vent. Les ailes ne tournent qu’avec un vent de 10 noeuds car elles doivent entraîner un mécanisme pesant neuf tonnes. Celui-ci se compose des ailes, d'un arbre moteur dont l’engrenage entraîne un rouet actionnant les meules, le tout solidaire d'un axe vertical. En bas, le rouet fait tourner les meules situées au 1er étage. La grande roue est en cormier, un bois dur, la petite en fer. Installée en 1953, la grande meule sera à changer dans 10 ans. Une confidence : les meilleures meules sont en silex de la Ferté-sous-Jouarre. Le blé à moudre est versé dans la trémie, entonnoir de bois en forme de pyramide retournée. Le mot trémie vient de « trois muids », un muid étant une ancienne mesure de capacité. En haut, chêne et orme pour la charpente qui abrite le mécanisme des ailes. La grande roue comporte 78 dents. Richard précise qu’il faut 4 heures pour refaire une dent, alors gare à la casse ! Les ailes en bois réglables sont garnies de planchettes en pin d’Oregon, qui offrent une bonne prise aux vents dominants d’ouest souvent puissants.

Pour finir, Richard nous parle de sa crainte quant à la pérennité de son moulin : « Il me faudrait un apprenti, mais la loi l’interdit, le moulin n’est pas aux normes ».

Moulin1

Chouette

Meules

Rouet

Enfin, à 18 h 30, on se regroupe pour prendre le pot de l’amitié qui doit donner le dernier fion à notre journée. Il se fait tard, certains sont déjà partis. Martine donne les résultats du quiz : 100 % DES GAGNANTS ONT TENTÉ LEUR CHANCE. Deux gagnants avec 23 points : Alain et Béatrice, Catherine et Gérard. On a du fion, tous les joueurs ont un lot. Ah ben dame, le « fion », c’est le nom du flan vendéen 🍕que nous dégustons avec du cidre à l’ombre rafraîchissante d’un arbre, face au moulin.

On remballe avec regrets, pas de bisous 😷 et on rentre de ce voyage poétique dans le temps encore sous le charme de Rosalie.
Merci aux organisatrices pour la belle journée qu'elles nous ont préparée.

Photos sur le site du club... et ICI !